Économie circulaire, durabilité : n’attendez plus pour vous lancer !
La Chambre des Métiers propose une série de formations « sustainability » et le label Nohalteg an d’Zukunft + qui s’adressent à l’artisanat en général avec des thématiques transversales, mais dont certaines sont plus spécifiques à la construction. Leur dénominateur commun est d’être financées par l’UE et subsidiées par le ministère du Travail.
Interview d’Eva-Maria Lang et Elisa Mendes, toutes deux conseillères technologies et environnement, et Rafael Raimundo, coordinateur formation continue à la Chambre des Métiers.
En 2022, le label Energie fir d’Zukunft + est devenu Nohalteg an d’Zukunft +. Pourquoi cette évolution ?
Eva-Maria Lang : En 2012, nous avons élaboré un programme de formations dédié aux professionnels de la construction. Il se concentrait sur l’efficacité énergétique des bâtiments et était valorisé par le label Energie fir d’Zukunft +. En 2022, nous l’avons réformé parce que, au-delà de l’efficacité énergétique, d’autres sujets en lien avec la durabilité sont venus se greffer : les matériaux sains, réutilisables, durables, la gestion intelligente des techniques spéciales ou la déconstruction sélective en vue d’un réemploi des matériaux, par exemple, mais aussi la transmission des connaissances acquises aux autres salariés de l’entreprise. Nous avons donc établi des formations sur ces sujets et avons renommé le label Nohalteg an d’Zukunft +. Les formations dites « de base » sont sanctionnées par un examen.
À ce jour, plus de 800 personnes ont déjà été labellisées. Il faut également préciser que le label est valable 5 ans au-delà desquels une procédure de prolongation doit être entamée, par exemple en suivant les formations complémentaires en fonction des activités et des centres d’intérêt de l’entreprise.
Vous proposez un catalogue d’une dizaine de formations « sustainability ». Quelle importance cette thématique a-t-elle pour la Chambre des Métiers ?
Elisa Mendes : Ces formations s’inscrivent dans une volonté générale de la Chambre des Métiers de proposer davantage de contenu sur le développement durable aux artisans.
Il y a quelque temps, nous avons réalisé une enquête pour savoir où en étaient les artisans au niveau du développement durable. Cette enquête a fait ressortir qu’ils s’intéressent au sujet et que, mieux ils le comprennent, plus ils passent à l’action. Elle a aussi montré qu’ils associent le développement durable principalement à l’environnement, et beaucoup moins au volet social et à la gouvernance. Nous proposons donc des formations très diversifiées qui permettent aux artisans de se familiariser avec ces thématiques et d’être prêts à réagir face aux nouvelles réglementations qui arrivent. Nous avons, par exemple, développé des formations sur le reporting de durabilité (CSRD) qui concerne les grandes entreprises - mais aussi les plus petites indirectement -, sur la chaîne de valeur, les droits humains, la décarbonation, la RSE, les achats durables, l’inclusion ou encore l’économie circulaire.
Parmi ces formations qui s’adressent à l’ensemble des secteurs, certaines s’adressent-elles plus particulièrement à la construction ?
Elisa Mendes : Oui, nous proposons une formation de base et un parcours avancé sur l’économie circulaire, qui est un outil crucial pour la décarbonation du secteur de la construction et la réduction de sa consommation de ressources. Notre but, à travers cette formation, est d’aider les entreprises à se réorganiser et à se réinventer, pour être « équipées » face aux mesures réglementaires à venir. La formation leur permet de comprendre le système linéaire et ses limites, les enjeux de l’économie circulaire et les opportunités qu’elle présente, ainsi que le cadre réglementaire et les relations clients. C’est aussi l’occasion d’analyser sur base de cas concrets comment elles peuvent la mettre en pratique. Notre partenaire, pour cette formation, est PositiveImpaKT qui est un expert reconnu en la matière et qui aborde le sujet de manière compréhensible, pragmatique, concrète, avec une multitude de solutions à l’appui.
La prochaine session aura lieu le 11 décembre matin, à la Chambre des Métiers, en français. La formation sera disponible en allemand en 2025.
Avez-vous un message à faire passer en conclusion ?
Rafael Raimundo : Oui, nous aurions un message général pour les artisans. D’abord, innover, être plus durables, est une façon de se démarquer et de gagner de nouveaux clients pour les entreprises. Et il n’est pas nécessaire d’attendre d’être parfait pour se lancer. Il faut faire un pas à la fois, en commençant par la formation. Ici, les formations sont gratuites, et même subsidiées à hauteur de 135 euros par jour de formation et par collaborateur, grâce au soutien de l’Union européenne et du ministère du Travail qui a permis d’instaurer un cadre ultra favorable à la formation continue. Il n’y a donc plus d’excuses pour passer à l’action.
Propos recueillis par Mélanie Trélat
Extrait de Neomag #66
Photo de gauche à droite : Eva-Maria Lang, Elisa Mendes et Rafael Raimundo