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École Internationale Anne Beffort à Mersch : valoriser l'existant

École Internationale Anne Beffort à Mersch : valoriser l’existant

Construite en 1963 et agrandie entre 1996 et 2000, l’École Internationale Anne Beffort avait une capacité de 400 élèves, alors qu’il faudrait pouvoir en accueillir 750. Il a donc été décidé, en 2018, de créer une seconde extension et de la rénover tout en conservant tout ce qui pouvait l’être.

Récupérer, réparer, réutiliser et remettre en valeur

L’économie des ressources et la circularité sont des fils conducteurs de ce projet. « La durabilité est une priorité dans nos projets, au même niveau que l’architecture. Notre rôle est de concevoir les bâtiments de sorte à ce que les éléments qui les composent soient démontables et réutilisables à la fin de leur cycle de vie, afin de pouvoir les réintégrer dans un nouveau bâtiment au lieu de les mettre en décharge », estime Dave Lefèvre, architecte.

Pour ce projet de rénovation où l’ABP avait à cœur de revaloriser le maximum d’éléments existants, la 1re étape a été d’établir un diagnostic des bâtiments. Il a permis de déterminer ce qui pouvait être conservé.

Il en est ressorti que l’aile reprenant les salles de classe, datant de la création du campus, devait être démolie. Elle ne répondait, en effet, pas aux exigences actuelles en termes de surface et de confort, et ses caractéristiques statiques ne permettaient pas d’envisager une rehausse.

La structure portante de l’internat, construit à la même époque, a en revanche pu être maintenue, mais les dalles en béton ont dû être renforcées avec des lamelles de carbone et tous les éléments en béton traités avec une peinture spécifique pour stopper le phénomène de carbonatation du béton.
Les matériaux non-structurels ont eux aussi été analysés en fonction de leur comportement au feu, à l’humidité et de certains paramètres physiques. « Nous avons une bibliothèque qui nous permet de trouver le matériau qui répond à la fois aux exigences requises dans ces domaines et aux critères de durabilité », indique l’architecte.

La volonté de garder tout ce qui pouvait l’être s’étendait au mobilier et aux éléments décoratifs dont une partie a pu être sauvegardée. « Une partie du mobilier a été démontée, réparée et réadaptée par des menuisiers. Certains éléments forts, témoins historiques ou symboles esthétiques du lieu, ont été remis en valeur. C’est le cas de l’escalier en terrazzo, un revêtement de sol typique des années 60, et du garde-corps d’origine sur lequel une nouvelle main courante a été greffée, ou encore de l’emblématique vitrail de la cafétéria qui a été restauré par un maître verrier et sur la face extérieure duquel une protection vitrée a été apposée pour garantir une coupure thermique. Cet ouvrage produit de magnifiques jeux de couleurs dans la cafétéria en fonction de la luminosité extérieure », explique-t-il.

Mais aussi reconstruire et réaménager

Le principal changement porte sur la construction d’un nouveau bâtiment qui regroupe les salles de classe ainsi qu’un vaste hall d’accueil.

L’internat a été entièrement démantelé jusqu’au gros-œuvre pour être équipé d’une nouvelle enveloppe thermique, minimisant ainsi les pertes énergétiques. L’aménagement intérieur a été adapté aux besoins actuels, avec la création de salles de bain séparées plus grandes, d’espaces de vie communs à chaque étage et de studios pour le personnel encadrant. Une extension en structure bois du volume au rez-de-chaussée a permis d’intégrer un restaurant scolaire et une cafétéria, augmentant ainsi la capacité d’accueil des élèves.

Le sol du hall de sports des années 2000 étant arrivé en fin de vie, a été refait. Ce hall existant a été équipé de murs d’escalade et agrandi par une salle de sports supplémentaire adaptée, entre autres, aux compétions nationales de basketball.

Le bâtiment administratif, modernisé en 2006, a été étendu.

Quelques travaux de transformation et de réfection ont aussi été réalisés dans les ateliers construits eux aussi dans les années 2000.

Au niveau des espaces extérieurs, le préau reliant l’internat et le bâtiment scolaire a été revalorisé, l’ancien bassin d’eau a été réinterprété en écran de verdure, la nouvelle terrasse du restaurant et de la cafétéria contribue à l’animation de l’esplanade qui fait aussi fonction de cour de récréation, et des emplacements pour vélos ont été aménagés. La zone d’entrée, uniquement accessible aux piétons et vélos, devient ainsi l’élément essentiel du concept.

Dans ce projet, la construction durable se traduit aussi par le choix de structures légères en bois pour la toiture de la salle de sport, l’ossature de l’annexe du restaurant scolaire et la sous-construction de la façade ventilée du bâtiment qui intègre les nouvelles salles de classe mais aussi par la flexibilité des bâtiments. « Lorsque nous concevons un bâtiment, nous prévoyons un potentiel d’expansion et une modularité intérieure. C’est pourquoi nous avons opté, dans ce bâtiment, pour un squelette en béton qui permet d’envisager des transformations futures », explique Olivier Georges, ingénieur-associé, « De plus, le bâtiment offre la possibilité d’une extension au 2e étage ».

Le béton joue également un rôle dans le concept énergétique qui s’appuie, dans le bâtiment qui intègre les nouvelles salles de classe sur l’inertie thermique de la structure portante en béton, mais aussi sur une enveloppe thermique performante en structure bois. La production de chaleur est assurée par une nouvelle centrale externe alimentée par des copeaux de bois. Les toitures de l’internat du bâtiment qui intègre les nouvelles salles de classe, de l’extension de l’aile administrative et de la nouvelle salle de sports sont aménagées en toitures vertes et couvertes, pour certaines, d’environ 1 000 m2 de panneaux photovoltaïques.


« Transformer l’existant plutôt que de démolir et reconstruire peut certes présenter un impact financier, mais cela permet aussi d’épargner considérablement du CO2 et des ressources. Grâce à cette décision judicieuse du maître d’ouvrage, nous avons économisé 1.390 tonnes de CO2. Et il ne faut vraiment pas avoir peur de transformer parce que le résultat par après peut être au minimum aussi bien qu’une reconstruction », conclut Dave Lefèvre.

Mélanie Trélat
Extrait de Neomag #65

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Données
Ecole : 750 élèves, 30 salles de classe, 15 salles et ateliers pour l’enseignement artistique, musical, scientifique et informatique, 1 hall de sport et 3 espaces multifonctionnels

Internat : 66 lits
Restaurant scolaire : 250 places
Parking : 60 places pour vélos et 73 pour voitures

Surface brute : 19 400 m2
Volume brut : 96 100 m3
Superficie du terrain : 15 ha

Début des travaux : octobre 2018 Mise en service : avril 2022
Coût : 47 500 000 euros

Maîtrise d’ouvrage : ministère de la Mobilité et des Travaux publics, Administration des bâtiments publics

Maîtrise d’œuvre : Coeba Dave Lefèvre et associés (architecte), Tecna (ingénieur statique), Boydens (ingénieur technique), EBP Schweiz (concept énergétique), Argest (coordinateur sécurité santé), OGC (bureau de contrôle), SECO (organisme agréé)

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Publié le jeudi 10 octobre 2024
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