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Focus sur une thématique pointue à travers le regard aiguisé d’experts en la matière

Publié le 18 mars 2025
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Repenser la gestion de l'eau dans les bâtiments et les quartiers
Repenser la gestion de l’eau dans les bâtiments et les quartiers

De la récupération des eaux grises à la prise en compte des flux dès la conception des aménagements, nos experts présentent les solutions qu’ils déploient pour limiter le gaspillage de l’eau, optimiser son usage et en préserver la qualité, mais aussi pour rendre nos villes plus résilientes face au changement climatique.

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Emmanuelle Ciota,

Innovation Project Manager Neobuild GIE

« L’eau incarne le plus grand paradoxe de notre époque. Source de vie essentielle, mais aussi source de conflits, elle a accompagné l’humanité tout au long de son histoire. Tantôt rare lors des sécheresses, tantôt excessive jusqu’à provoquer des inondations, sa disponibilité fluctue selon les régions et les saisons. Après une année 2024 marquée par des pluies abondantes dans nos régions, il peut sembler difficile d’imaginer une raréfaction de cette ressource. Et pourtant, ce risque persiste.

Omniprésente dans tous les secteurs, l’eau est bien plus qu’un simple besoin vital. Elle nous hydrate, soutient l’agriculture et joue un rôle clé dans l’industrie, qu’il s’agisse de la fabrication des produits finis, des procédés de production ou du nettoyage. La question centrale qui se pose alors est celle de sa qualité.

Dans le secteur du bâtiment, des solutions technologiques existent pour une gestion plus responsable de l’eau. Cependant, elles se heurtent encore aux réalités économiques et aux impératifs de rentabilité. De manière encourageante et dans le contexte européen, une prise de conscience émerge autour de l’usage de l’eau. Au Luxembourg, cela se manifeste par un soutien à la mise en place de projets pilotes.

Ces initiatives visent à démontrer l’efficacité et les bénéfices de la réduction de la consommation d’eau, tout en adaptant sa qualité en fonction des usages, sans risque pour la santé des consommateurs.

Il est à espérer que la réutilisation de l’eau dans nos foyers conscientisera les citoyens sur la composition des produits qu’ils utilisent au quotidien, contribuant à améliorer la qualité de l’eau. Selon le World Resources Institute, le Luxembourg se classe 49e sur 164 pays en matière de stress hydrique de base, il est donc grand temps de faire de l’eau une priorité et de lui rendre une place centrale au sein de notre société. »


Yves Biwer,

Directeur coordinateur du projet Metzeschmelz chez Agora

« Un des objectifs du projet Symbiosis qui sera mis en place sur le site Metzeschmelz est de préserver environ 200 000 m³ d’eau potable par an, soit une réduction de la consommation d’au moins 25 %.

Nous prévoyons pour cela de récupérer les eaux grises en vue de les substituer à l’eau potable pour des usages secondaires comme les toilettes ou l’arrosage des plantes. Les eaux de pluie collectées dans des bassins de rétention pourront éventuellement aussi alimenter le réseau d’eau non potable.

La question se pose encore de savoir si le traitement de ces eaux grises se fera dans un système centralisé à l’échelle du quartier ou dans des unités de traitement décentralisées, propres à chaque bâtiment. Cette option permettrait d’intégrer progressivement les solutions les plus avancées technologiquement, au fil des constructions.

Compte tenu de l’ampleur du projet – 63 ha et un potentiel de 10 000 habitants –, nous considérons qu’il s’agit d’une occasion unique d’expérimenter des approches innovantes et de développer des stratégies durables pour l’avenir.

C’est pourquoi notre réflexion s’inscrit dans une approche holistique regroupant l’ensemble des flux qui vise à optimiser l’impact environnemental et économique du projet. Nous analysons les interactions entre l’eau, l’énergie, les déchets et l’alimentation pour créer une véritable symbiose. Par exemple, la chaleur des eaux usées ainsi que l’extraction de la chaleur pour la production de froid pourraient contribuer au réseau de chauffage urbain. »


Thomas Biendel,

Directeur du service Hydrologie chez LSC360

« La gestion de l’eau doit être intégrée dans les réflexions très en amont des projets d’aménagement, au moment d’établir les plans directeurs, voire les plans d’aménagement généraux (PAG). C’est essentiel pour anticiper les contraintes qui peuvent surgir lors du développement d’un projet et l’optimiser que ce soit sur le plan financier, sur le plan urbanistique ou pour les usagers, dans l’objectif d’un développement résilient à tous points de vue.

Un autre point important concerne l’application de la directive-cadre européenne sur l’eau (datant de 2000). Transposée dans la loi de 2008 au Luxembourg, elle est aujourd’hui encore loin d’être appliquée dans son intégralité. Par exemple, nous sommes aux prémices des études d’impacts sur les masses d’eau dans les projets.

Les choses évoluent toutefois dans le bon sens : de plus en plus de projets sont pris en main bien en amont par des experts de la gestion des eaux. Pour ce qui est des impacts, on voit de plus en plus de biologistes et écologistes se pencher sur ces sujets en collaboration avec les spécialistes de la construction et de l’aménagement. Les futurs projets auront pris en compte les impacts, les auront réduits, voire supprimés, ou au moins compensés. C’est ainsi que les masses d’eau du Luxembourg pourront (enfin) atteindre le bon état écologique. Actuellement 0 % de ces masses d’eau l’atteignent. Cette approche devrait se renforcer dans les années à venir. Ce sera un grand défi pour les acteurs du secteur de s’adapter à cette nouvelle façon de voir les choses, mais les compétences et les moyens sont là pour le relever. »


Jordan Adans,

Architecte et urbaniste-aménageur, associé-gérant chez E-cone

« Lorsque nous planifions un projet urbanistique, nous réalisons très tôt une modélisation complète du site qui reprend tous les bâtiments et toutes les infrastructures prévus. L’objectif est d’identifier et d’anticiper d’éventuels problèmes liés à l’écoulement des eaux ou aux éventuelles crues projetées (niveaux HQ).

Grâce à des logiciels comme Covadis, nous pouvons simuler le parcours de l’eau du point le plus haut au point le plus bas du terrain, ce qui nous permet de repérer les zones où l’eau pourrait s’emmagasiner et causer des dommages. Ainsi, dès la phase de conception, nous pouvons ajuster certains éléments du projet, comme la hauteur des chaussées, l’accès aux rampes des sous-sols ou leur aménagement, afin de garantir leur mise en sécurité (hors eau) en cas d’inondation.

Traditionnellement, ce logiciel est utilisé par les bureaux d’ingénieurs, mais en tant qu’urbanistes, nous avons choisi de l’utiliser dès les premières esquisses de manière à s’assurer d’un développement cohérent du projet, à prévenir d’éventuels problèmes techniques qui pourraient survenir plus tard et à ne pas avoir à modifier en profondeur les projets alors qu’ils sont déjà bien avancés. L’avantage est que nous gagnons du temps et assurons une meilleure maîtrise du projet, en restant fidèles à sa vision initiale. »


Xavier Duboisdendien,

Fondateur de Duboisdendien sarls

« L’eau de pluie, qui est gratuite et accessible à tous, peut être récupérée et réutilisée grâce à des solutions adaptées.

Les toitures végétales, par exemple, réduisent les risques d’inondation en retenant l’eau et limitent la création d’îlots de chaleur urbains en favorisant l’évapotranspiration. Elles contribuent également à la qualité de l’air et de l’eau rejetée dans les réseaux en fixant les poussières et les polluants dans les plantes quand il pleut.

Parallèlement, les eaux pluviales peuvent être collectées sur les routes via des caniveaux intégrant un système de décantation et de filtration qui permet d’éliminer les sédiments, hydrocarbures et huiles rejetés par les véhicules, évitant ainsi leur dispersion dans les ruisseaux et, à terme, dans l’océan. Une fois traitée, cette eau peut être réutilisée par exemple dans des processus industriels, ce que fait Audi, qui utilise l’eau de pluie issue de nos caniveaux comme matière première dans la fabrication de ses peintures.

Un bon dimensionnement est essentiel, c’est pourquoi nous réalisons des bilans hydrauliques adaptés aux parcelles et aux bâtiments pour une gestion optimale des eaux pluviales, conformément aux exigences réglementaires.

Nous formons également les maîtres d’oeuvre, maîtres d’ouvrage, architectes et bureaux d’études sur la rétention des eaux sur les bâtiments, en collaboration avec l’IFSB. »


Patrick Schintgen,

Sales Manager chez Geberit BV Luxembourg

« Lʼeau est la denrée alimentaire la plus rigoureusement contrôlée : ses paramètres chimiques et microbiologiques, son odeur et sa couleur sont surveillés en permanence pour garantir quʼelle ne comporte aucun risque pour la santé.

Elle contient en effet des micro-organismes qui forment des biofilms. Si ces derniers n’ont la plupart du temps aucun impact négatif sur la qualité de l’eau, ils constituent néanmoins parfois un terrain propice au développement de germes dangereux pour la santé, comme les légionelles, sources de pneumonies, ou les pseudomonas, sources de septicémies et de résistance aux antibiotiques.

Se basant sur les études du groupe de recherche mené par le Pr Hubert Hilbi de l’université de Zurich sur la croissance des légionelles, Geberit a développé des solutions permettant de prévenir ces risques. S’appuyant sur la norme VDI 6023-1, qui exige un renouvellement complet de lʼeau toutes les 72 heures et une température de lʼeau froide ne dépassant pas 25 °C après la vidange de 3 litres, ces solutions adaptent les intervalles de rinçage en fonction de la température afin d’éviter toute prolifération bactérienne, même dans des conditions défavorables. Nous mettons également à disposition des conduites pré-isolées pour assurer une protection thermique efficace.

Notre objectif est clair : proposer des solutions personnalisées pour garantir une eau potable de qualité dans chaque installation, quel que soit son usage. »


Propos recueillis par Mélanie Trélat
Article paru dans Neomag #69 - mars 2025

Intégrer le paramètre eau dans la construction, une approche résiliente
Intégrer le paramètre eau dans la construction, une approche résiliente

Dans un contexte où l’intégration de solutions durables en matière de gestion de l’eau devient une nécessité dans les projets d’urbanisme et de construction, l’AGE nous éclaire sur les mesures réglementaires, les solutions techniques et l’accompagnement qu’elle propose aux acteurs de l’aménagement urbain.

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Interview de Marc Hans, directeur de l’Administration de la gestion de l’eau (AGE).

Quels sont les principaux défis qui se posent à l’heure actuelle au Luxembourg en matière de gestion de l’eau liée aux bâtiments ?

Il y a d’abord les défis liés au changement climatique, notamment aux fortes pluies et aux inondations qui deviennent de plus en plus fréquentes. L’année dernière, par exemple, le pays a atteint des cotes d’alerte rouge à trois reprises, ce qui est un niveau extrême.

Dans ce contexte, nous mettons tout en œuvre pour renforcer la résilience du territoire, sachant qu’une protection à 100 % reste impossible. La directive européenne sur les inondations de 2007, transposée en droit luxembourgeois en 2008, encadre les constructions en zones inondables. Idéalement, il faudrait éviter de construire dans ces zones. Pourtant, la forte pression sur le logement nous oblige à accorder des autorisations, mais en adoptant des stratégies adaptées comme la construction sur pilotis ou l’aménagement des sous-sols en espaces peu sensibles aux dommages, par exemple des garages sans installations électriques.

Pour accompagner cette démarche, le gouvernement a publié des cartes de danger de fortes pluies et des cartes des zones inondables, qui délimitent les zones susceptibles d’être inondées selon différents scénarios, ainsi que des cartes des risques qui évaluent les impacts des crues sur les habitants, l’économie et l’agriculture, tout en définissant les mesures nécessaires pour limiter les conséquences.

Que peut-on faire pour limiter les dommages dans les zones inondables déjà construites ?

Il existe une large panoplie de solutions, par exemple l’installation de barrières anti-crues ou le retrait des obstacles susceptibles de bloquer les ponts et autres ouvrages. Chaque action doit cependant être minutieusement étudiée, car les interactions sont complexes : une mesure bénéfique à un endroit peut avoir des effets négatifs ailleurs. Par exemple, construire un mur pour protéger sa maison contre l’eau permet de la sécuriser, mais en réduisant l’espace de rétention, cela peut aussi aggraver les dégâts pour les habitations voisines.

Quel rôle l’AGE joue-t-elle dans la gestion de l’eau potable ?

D’un point de vue réglementaire, les interventions dans les zones de protection d’eau potable sont encadrées afin de préserver la qualité et la disponibilité de l’eau potable, car toute modification du sous-sol, notamment les terrassements, peut polluer l’eau ou réduire le débit des sources.

Nous effectuons, par ailleurs, un travail de sensibilisation auprès des ménages, qui sont les plus gros consommateurs d’eau potable au Luxembourg, pour les encourager à adopter des pratiques plus économes. Nous soutenons également l’installation de systèmes favorisant la réutilisation de l’eau par l’octroi de subsides.

Enfin, nous participons à des projets pilotes visant à développer la réutilisation des eaux grises. Ce sujet reste sensible en raison des enjeux sanitaires et des contraintes liées à l’entretien des infrastructures.

Quelles mesures préconisez-vous en matière de gestion des eaux pluviales ?

Lors de l’élaboration d’un nouveau PAG ou PAP, il est recommandé de mettre en place un système séparant les eaux usées des eaux pluviales.

Le scellement des surfaces est un point critique car il limite l’infiltration de l’eau de pluie dans le sol et la précipite vers les ruisseaux, ce qui peut entraîner une montée soudaine des niveaux d’eau. Pour éviter d’aggraver ce phénomène, il faut prévoir, dans les endroits où cela est possible, des dispositifs qui collectent l’eau pour lui permettre de pénétrer progressivement dans la terre comme des bassins de rétention, des toitures végétalisées, des fossés ouverts ou encore des forages, entre autres.

Accompagnez-vous les concepteurs des bâtiments et des quartiers dans une utilisation plus raisonnée de l’eau ?

Oui, nous organisons régulièrement des formations en collaboration avec le ministère de l’Environnement, ainsi qu’avec l’Ordre des Architectes et des Ingénieurs (OAI), qui s’adressent notamment aux communes afin de renforcer leur sensibilisation et leur expertise.

Nous informons et conseillons également les bureaux d’études et les concepteurs sur les bonnes pratiques en matière de gestion des eaux pluviales. Et nous avons mis en place une équipe dédiée qui dispense des formations sur les stratégies d’adaptation aux inondations et les solutions constructives permettant de limiter les risques.

Quel message auriez-vous à transmettre aux bureaux d’études, cabinets d’architecture et entreprises de construction qui forment notre lectorat ?

Nous tenons à souligner que notre objectif n’est pas de compliquer leur travail, mais bien de préserver la santé publique et les ressources naturelles. Nous nous inscrivons dans une approche « One Health », qui considère qu’un environnement sain, une eau de qualité et une bonne résilience face aux inondations sont essentiels pour notre bien-être collectif. Nous sommes à leur écoute et restons à leur disposition pour toute question ou besoin d’accompagnement. Qu’ils n’hésitent pas à nous contacter !

Mélanie Trélat
Article paru dans Neomag #69 - mars 2025

Vers une gestion durable et intégrée des ressources au Luxembourg
Vers une gestion durable et intégrée des ressources au Luxembourg

L’eau, ressource précieuse, se trouve au cœur des préoccupations environnementales et réglementaires au Luxembourg. Dans un pays engagé à respecter les directives européennes, notamment la directive-cadre sur l’eau (DCE), le secteur de la construction joue un rôle central dans la gestion durable des ressources hydriques.

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Article Seco Luxembourg

Les défis de la gestion de l’eau dans la construction

Le Luxembourg est engagé dans la mise en œuvre de la DCE, qui impose des objectifs ambitieux en matière de qualité et de quantité des eaux de surface et souterraines. Cela inclut la restauration des écosystèmes aquatiques, la réduction des pollutions et la préservation des ressources en eau pour les générations futures. Dans ce contexte, le secteur de la construction fait face à plusieurs défis :

  1. L’imperméabilisation des sols : la multiplication des surfaces imperméables (routes, bâtiments, parkings) empêche l’infiltration naturelle de l’eau dans le sol, exacerbant les risques d’inondations et réduisant le renouvellement des nappes phréatiques,
  2. La gestion des eaux pluviales : la collecte, le traitement et la réutilisation des eaux de pluie représentent des enjeux majeurs pour limiter les pollutions et éviter la surcharge des réseaux d’assainissement,
  3. L’application des exigences réglementaires : les projets de construction doivent intégrer les exigences des lois sur l’eau, y compris les analyses d’impact environnemental et les autorisations spécifiques liées à la gestion des eaux usées et pluviales.

Pour répondre aux objectifs de la DCE, de nombreux projets de construction, de rénovation et d’aménagement devront intégrer des infrastructures adaptées, notamment :

  1. Modernisation des réseaux d’assainissement : dont la mise à niveau des stations d’épuration avec des technologies plus avancées, comme une quatrième étape de traitement, afin de réduire les micropolluants (produits chimiques, pharmaceutiques),
  2. Création de zones-tampons : dans les zones rurales et urbaines, des bandes riveraines et des zones végétalisées seront nécessaires pour filtrer les eaux de ruissellement, limitant ainsi l’apport de nutriments et de polluants dans les cours d’eau,
  3. Renaturation des cours d’eau : la restauration des rivières, comme la suppression des obstacles artificiels ou la reconfiguration de berges, permettra de rétablir une continuité écologique et d’améliorer la qualité des écosystèmes aquatiques,
  4. Infrastructures de rétention d’eau : les bassins de rétention ou les toitures végétalisées pourront absorber l’excès d’eau en cas de fortes pluies, diminuant ainsi les risques d’inondation et limitant le ruissellement polluant,
  5. Révision des plans d’urbanisme : les collectivités devront intégrer des exigences hydrologiques dans leurs schémas directeurs, en priorisant des solutions basées sur la nature et en limitant l’étalement urbain.

Ces travaux, bien que coûteux, représentent une opportunité pour moderniser les infrastructures tout en répondant aux défis climatiques et environnementaux.

L’approche durable : intégrer la gestion de l’eau dès la conception

Une gestion efficace des ressources en eau commence dès la phase de conception des projets. Plusieurs leviers peuvent être mobilisés pour répondre aux objectifs de la DCE tout en favorisant des constructions durables :

  1. Solutions d’infiltration : les bassins de rétention et les systèmes d’infiltration permettent de réduire les impacts des surfaces imperméables,
  2. Matériaux perméables : l’utilisation de revêtements perméables pour les routes ou parkings facilite l’infiltration et limite le ruissellement,
  3. Réutilisation des eaux pluviales : en intégrant des systèmes de récupération d’eau, les bâtiments peuvent réduire leur consommation en eau potable et leur empreinte environnementale,
  4. Analyse hydromorphologique : la prise en compte de la forme des cours d’eau est essentielle pour prévenir les impacts négatifs des infrastructures sur les écosystèmes.

Le rôle des bureaux de contrôle technique

Dans ce cadre, les bureaux de contrôle technique jouent un rôle déterminant. Leur expertise aide les concepteurs, entreprises et exploitants lors de la prise en compte des réglementations en vigueur, mais aussi l’alignement de leurs projets avec les bonnes pratiques environnementales.
De manière non-exhaustive, ils proposent :

  1. Audits et diagnostics : identification des risques liés à l’eau,
  2. Accompagnement réglementaire : soutien dans les dossiers administratifs et dans l’intégration des exigences de la DCE,
  3. Surveillance et contrôle : vérification des systèmes de gestion des eaux pluviales et des infrastructures liées à l’eau.

Alors que le Luxembourg entame le quatrième cycle de gestion des eaux (2027-2033), la collaboration entre les différents acteurs – maîtres d’ouvrage, bureaux d’études, collectivités et autorités – sera essentielle pour relever les défis à venir. Les évolutions réglementaires, combinées aux attentes croissantes en matière de durabilité, imposent une vigilance accrue à chaque étape des projets de construction.

Source : Directive cadre sur l’eau – 4e cycle 2027 – 2033 – calendrier programme de travail
Article paru dans Neomag #69 - mars 2025

Sécuriser l'approvisionnement en eau potable : l'expertise de BEST
Sécuriser l’approvisionnement en eau potable : l’expertise de BEST

Le service Eau potable de BEST Ingénieurs-Conseils élabore, pour les opérateurs communaux et syndicaux, des infrastructures optimisées qui allient diversification des ressources, efficacité énergétique, technologies éprouvées et traitements innovants, afin de renforcer la résilience nationale en matière d’approvisionnement en eau potable.

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Quelles sont les expertises regroupées au sein de BEST Ingénieurs-Conseils dans le domaine de l’eau potable ?

Philippe Colbach, ingénieur et chef de service adjoint : BEST Ingénieurs-Conseils est un groupe pluridisciplinaire qui réunit près de 190 collaborateurs spécialisés dans divers domaines, dont neuf ingénieurs au sein du service Eau potable. Notre bureau d’études rassemble des expertises complémentaires en génie civil, mécanique, physique, électricité, géologie, géographie, biologie, chimie et environnement.

Cette diversité de compétences nous permet d’assurer une couverture complète de l’ensemble du cycle de l’eau, depuis son captage jusqu’à son rejet dans les égouts. Nous intervenons à chaque étape : pompage, transport, stockage et distribution pour le consommateur final.

Nous concevons les infrastructures et ouvrages d’approvisionnement en eau potable, notamment dans le cadre de l’extension des réseaux de distribution, afin d’anticiper l’augmentation de la consommation et d’assurer la disponibilité de la ressource. Spécialisés en hydraulique urbaine, nous modélisons les infrastructures pour évaluer leurs capacités face à la croissance démographique et aux aléas climatiques.

La protection et la valorisation des ressources en eau font également partie de nos missions, qu’il s’agisse d’identifier et d’aménager de nouvelles ressources souterraines et superficielles ou de mettre en place des installations de potabilisation adaptées aux contraintes environnementales et sanitaires actuelles. Enfin, nous réalisons des audits et optimisons les infrastructures existantes pour réduire les pertes en eau et améliorer le rendement des réseaux, contribuant ainsi à une gestion durable et performante de la ressource.

Y a-t-il des collaborations ou des partenariats essentiels dans vos activités ?

Laurent Busana, ingénieur associé-gérant et chef du service Eau potable : Nous collaborons étroitement avec les communes et les syndicats intercommunaux pour planifier, concevoir et moderniser les infrastructures d’alimentation en eau potable, afin de répondre aux besoins des territoires et de garantir un approvisionnement sûr, pérenne et conforme aux réglementations. Notre mission est de les accompagner, ainsi que les exploitants, avec des solutions durables et pertinentes face aux défis actuels et futurs.

Nous associons nos expertises à celles d’autres bureaux d’études. Cette approche collaborative assure des solutions solides, adaptées et évolutives.

Réservoir d'eau potable "Op der Heed" situé à Beaufort
Réservoir d’eau potable Op der Heed situé à Beaufort

Depuis combien de temps opérez-vous dans le domaine de l’eau potable ? Et quelles évolutions avez-vous constatées depuis vos débuts ?

PhC : Nous œuvrons tous deux dans le domaine de l’eau potable depuis le début de nos carrières, et pour ma part, depuis une quinzaine d’années au sein de ce bureau. Parmi les évolutions majeures que j’observe, la plus significative reste certainement la pression croissante sur les ressources en eau. Celle-ci est principalement due à l’exceptionnelle croissance démographique du Luxembourg (+2 % par an). Alors qu’au cours des années 90, ma mission principale en tant qu’ingénieur consistait en la modernisation et le renouvellement des infrastructures existantes, de nouveaux défis se présentent aujourd’hui : la demande en eau ne cesse d’augmenter, mais les ressources en eau souterraine atteignent peu à peu leurs limites, tandis que leur qualité se dégrade sous l’impact des activités humaines (récréatives, agricoles ou économiques) qui se multiplient sur notre territoire, nous contraignant désormais à traiter ces eaux. Pour satisfaire les besoins futurs, il devient donc nécessaire de se tourner vers les eaux de surface, qui nécessitent également des traitements coûteux.

De plus, l’impact du changement climatique sur la disponibilité des ressources en eau se fait de plus en plus sentir, notamment à travers la baisse des niveaux des nappes phréatiques et la variabilité des précipitations, et donc des flux de ressources.

LB : Le domaine de l’eau potable évolue également sous l’effet du renforcement des exigences réglementaires européennes et nationales. Par exemple, la directive européenne sur l’eau potable et le règlement sur la protection des ressources imposent la mise en place de systèmes de surveillance et de traitement, une obligation qui n’existait pas lorsque j’ai commencé ma carrière en 2009.

À l’époque, de nombreuses communes n’employaient pas d’ingénieurs spécialisés ; tant que l’eau coulait du robinet, les habitants étaient satisfaits et les élus ne ressentaient pas la nécessité d’investir dans les infrastructures. Cependant, avec l’introduction du dossier technique en 2003, les opérateurs ont été contraints d’analyser l’état de leur réseau. Les résultats ont révélé que la plupart des infrastructures étaient vieillissantes et non conformes. À l’époque, aucune norme spécifique n’existait encore au Luxembourg – c’était celle de l’Allemagne qui était appliquée. Face à cette situation, le ministère a exercé une pression pour moderniser et renouveler les infrastructures, conformément à la directive européenne. Un label a même été créé pour encourager les décideurs politiques à investir davantage, tant pour rénover ou reconstruire des réservoirs vétustes que des stations de pompage.

Parallèlement, des études ont été lancées concernant les zones de protection des sources d’eau. Aujourd’hui, l’accent est mis sur les programmes de mesure dans ces zones, la recherche de nouvelles ressources et l’adaptation des infrastructures aux besoins d’une population en croissance, avec la construction de nouveaux réservoirs et conduites.

Station de déminéralisation "Waasserschapp" située à Remerschen
Station de déminéralisation Waasserschapp située à Remerschen

Dans quelle mesure les avancées technologiques influencent-elles votre travail ?

LB : Les technologies numériques facilitent une gestion plus précise et proactive de l’eau potable. Nous avons intégré plusieurs innovations, telles que des capteurs intelligents qui permettent de surveiller en temps réel la qualité et la pression de l’eau dans les réseaux. Nous misons sur une gestion intelligente de l’eau grâce à la modélisation et aux systèmes de télégestion, qui nous permettent d’anticiper la demande quotidienne. Par ailleurs, nous concevons des stations de traitement de nouvelle génération, intégrant des procédés tels que l’ultrafiltration, l’osmose inverse et le traitement UV.

Quels sont aujourd’hui les grands défis liés à l’approvisionnement en eau potable au Luxembourg ?

LB : L’un des défis majeurs des prochaines années consiste à optimiser l’empreinte carbone de l’eau potable. Près de la moitié de l’eau potable consommée au Luxembourg provient du barrage d’Esch-sur-Sûre, via le SEBES (syndicat des eaux du barrage d’Esch-sur-Sûre). Elle y est stockée dans un réservoir à 515 mètres d’altitude, permettant une distribution gravitaire à travers tout le pays. Cependant, dans certaines zones, comme dans la région Est, la dénivellation peut générer jusqu’à 30 bars de pression. Cette pression naturelle constitue une ressource que nous cherchons à exploiter, notamment pour la production d’énergie.

Autre enjeu important : la qualité de l’eau. Par le passé, la présence de pesticides dans l’eau potable passait inaperçue, faute de mesures appropriées. Aujourd’hui, des zones de protection spécifiques sont définies et, lorsque ces mesures s’avèrent insuffisantes, nous recourons à des stations de traitement. Nous venons d’ailleurs de mettre en service notre première station de traitement de l’eau par osmose inverse, opérationnelle depuis quelques semaines. À l’avenir, d’autres stations utilisant des technologies telles que le charbon actif ou la filtration membranaire devront être construites pour garantir une eau conforme aux normes sanitaires.
PhC : Le problème réside dans le fait que lorsque la pollution affecte les eaux souterraines, leur dépollution est un processus extrêmement long, pouvant s’étendre sur plusieurs décennies. Certaines substances, comme les pesticides, mettent entre 10 et 30 ans à passer sous le seuil réglementaire, même après leur interdiction. Par conséquent, le traitement des eaux devient une nécessité de plus en plus pressante.

Il est important de noter que le coût du traitement de l’eau est quatre fois plus élevé que celui de sa protection en amont. Mettre en place des mesures préventives dans les zones de captage, telles que limiter certaines pratiques agricoles ou encourager financièrement les agriculteurs à adopter des pratiques plus respectueuses, revient donc bien moins cher que de traiter l’eau une fois contaminée. Il est donc crucial d’agir avant que la pollution ne survienne. C’est dans cette optique que la loi de 2007 a été instaurée, imposant la délimitation de zones de protection des eaux et des bassins d’alimentation. Bien que ses effets ne soient visibles que dans 10 ou 15 ans, elle devrait permettre, à terme, de réduire les besoins en traitement de l’eau.

Enfin, la surveillance de la qualité de l’eau a considérablement évolué. Il y a 15 ans, les capteurs étaient rares dans les réservoirs et stations de traitement. Aujourd’hui, la surveillance en ligne est beaucoup plus développée, et des paramètres tels que la température ou la conductivité de l’eau sont mesurés en continu pour détecter la présence de polluants. Des alarmes avertissent automatiquement les techniciens en cas d’anomalie. Un autre signe de cette évolution est la part de l’équipement électromécanique dans le coût total des projets, qui a plus que doublé, passant d’environ 10 % à 25 % aujourd’hui.

Pourriez-vous partager quelques exemples de projets récents ou en cours qui illustrent votre travail ?

PhC : L’un des projets majeurs réalisés récemment au Luxembourg est la construction de la première station de traitement par osmose inverse, un procédé de filtration membranaire très fine capable de retenir les pesticides et herbicides, ne laissant passer que les molécules d’eau potable. L’efficacité énergétique est un enjeu clé dans ce type de projets, car plus la filtration est fine, plus elle nécessite de l’énergie, ce qui impacte les coûts d’exploitation.

Outre cette station, de nombreux réservoirs de stockage ont été construits, ainsi que des stations de traitement pour la déferrisation de certaines eaux souterraines, qui peuvent contenir naturellement trop de sulfates, de fer ou de calcaire.

L’innovation joue un rôle central dans ces projets. Notre bureau a été pionnier dans la modélisation 3D des infrastructures hydrauliques, permettant aux communes de visualiser les installations avant leur construction, d’anticiper d’éventuels conflits techniques et de faciliter l’exploitation et la maintenance des équipements.

Enfin, l’intelligence artificielle commence à être intégrée dans la gestion des ressources en eau, par exemple pour anticiper les besoins quotidiens des réservoirs et lisser les demandes sur 24 heures, limitant ainsi les pics de consommation qui nécessiteraient des conduites de plus grande capacité. Cette approche permet d’optimiser l’infrastructure existante et de repousser le besoin d’investissements coûteux dans de nouvelles conduites.

Mélanie Trélat
Article paru dans Neomag #69 - mars 2025

L'eau, source de risques et d'opportunités à maîtriser
L’eau, source de risques et d’opportunités à maîtriser

L’eau est à la fois une incroyable opportunité et un risque dans tout projet de construction. À ce titre, une connaissance pointue du contexte hydrologique et hydrogéologique d’un projet permet souvent de maîtriser ces risques tout en évaluant les potentiels bénéfices.

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Reportage Traqua

Le bureau d’études Traqua, actif depuis 2021, se présente comme un spécialiste de la caractérisation des écoulements d’eau. Avec une équipe d’hydrogéologues (spécialistes des eaux souterraines) et des méthodes d’investigation de pointe, il œuvre à une gestion durable des ressources en eau. Traqua, c’est avant tout une équipe de scientifiques de terrain : observation, mesures, description et interprétation… une démarche rigoureuse afin de fournir une analyse objective pour résoudre des situations problématiques ou tirer le meilleur parti d’une ressource rare et précieuse.

Traqua est une spin-off universitaire née de l’expertise de ses créateurs, Amaël Poulain (hydrogéologue) et Sofie de Volder (business développeuse), chercheurs à l’Université de Namur en Belgique. L’entreprise est fondée sur l’utilisation de la méthode d’essai de traçage hydrogéologique pour caractériser les écoulements d’eau. Cette méthode n’est pas nouvelle, mais ses créateurs ont cherché à développer davantage les applications de cette technique de pointe. L’évolution des pratiques et de la technologie permet aujourd’hui de proposer des applications innovantes, notamment dans le domaine de la construction.

Mise en place d'une sonde STREAM® dans un écoulement naturel souterrain
Mise en place d’une sonde STREAM® dans un écoulement naturel souterrain

Le principe repose sur l’utilisation de traceurs fluorescents pour caractériser des connexions hydrauliques ou hydrogéologiques. Le traceur est mélangé au flux d’eau jusqu’à devenir invisible à l’œil nu, à des concentrations de quelques microgrammes par litre qui ne constituent pas un risque pour l’environnement. C’est à ce moment qu’interviennent les sondes STREAM®, un outil développé, fabriqué et commercialisé par Traqua dans 10 pays, sur 3 continents. Ces sondes de fluorescence compactes permettent une mesure in situ automatique, directe et à haute précision de la présence des traceurs utilisés dans l’eau. Le déploiement de ces appareils sur le terrain (sources, rivières, forages, conduites d’eau…) et l’acquisition de données permettent de caractériser le déplacement du traceur dans le milieu testé.

La méthode s’applique aussi bien à des écoulements naturels (écoulements d’une nappe aquifère) qu’à des écoulements créés artificiellement (réseaux de drainage, de collecte, des processus industriels…). Dans la plupart des situations, on souhaite connaître l’existence ou prouver une connexion hydrogéologique ; dans des applications plus avancées, on souhaitera caractériser le milieu traversé par l’eau, mesurer la vitesse de déplacement de l’eau, calibrer des modèles hydrogéologiques.

Les applications dans le domaine de la construction sont nombreuses, depuis de simples diagnostics d’écoulements problématiques jusqu’à la caractérisation détaillée de masses d’eaux souterraines dans une phase d’étude préalable d’un site.

Mise en place d'une sonde STREAM® dans un piézomètre du chantier Métro 3 à Bruxelles
Mise en place d’une sonde STREAM® dans un piézomètre du chantier Métro 3 à Bruxelles

Traqua œuvre par exemple à la caractérisation des écoulements d’eaux souterraines dans le sous-sol hétérogène de Bruxelles, dans le cadre de la construction de la ligne de Métro 3 (consortium BESIX, Jan de Nul Group et Franki Construct). Le défi technique de la construction d’un tunnel de métro sous le niveau de la nappe aquifère nécessite une connaissance détaillée des écoulements souterrains et plus particulièrement la vitesse de déplacement des eaux souterraines.

Les troubles liés à l’eau dans le secteur de la construction peuvent constituer de véritables défis pour les professionnels du secteur. Comment gérer les eaux en phase de construction ? Quelle est l’origine des écoulements observés sur un terrain, un chantier, un sous-sol ? Quel est l’impact potentiel d’une activité sur les ressources en eau locales ? Autant de questions qui peuvent trouver une réponse par l’expertise d’un hydrogéologue et, si nécessaire, par l’utilisation de méthodes de traçages hydrogéologiques.

L’eau n’est pas qu’un défi ou une contrainte, elle représente avant tout une opportunité formidable pour qui sait en tirer parti. Les ressources en eaux souterraines sont une richesse qu’il convient de préserver et de protéger au travers de leur gestion durable, afin de garantir leur qualité et leur disponibilité dans le futur. Une étude adéquate du contexte par un spécialiste permet de dégager les opportunités tout en ayant connaissance des aspects réglementaires et de la maîtrise des impacts potentiels.

Le captage d’eau souterraine à des fins de distribution d’eau potable est la première application qui vient à l’esprit, grâce à la grande qualité des eaux souterraines. La géothermie sur base d’une nappe d’eau souterraine est une ressource locale, durable et décarbonée en plein développement. Toutes ces applications sont possibles à condition de ne pas causer d’impacts dommageables sur le fonctionnement naturel de ces ressources, tant en quantité qu’en qualité, ce qui nécessite une évaluation adéquate.

Hydrogéologue en action durant la mise en œuvre des parois moulées du Métro 3 à Bruxelles
Hydrogéologue en action durant la mise en œuvre des parois moulées du Métro 3 à Bruxelles

Au-delà des réglementations qui imposent aujourd’hui à tout auteur de projet de définir une stratégie claire pour la gestion de l’eau sous toutes ses formes (usées, pluviales…), l’eau représente un élément central à prendre en considération au plus tôt dans l’élaboration d’un projet. Dans la plupart des cas, il est utile et avantageux d’étudier ces problématiques et ces opportunités dès l’avant-projet, afin de permettre de prévoir une gestion adéquate et/ou une utilisation avantageuse dans le futur. La maîtrise des risques passe aussi par une bonne connaissance de l’état initial de la ressource, afin de pouvoir objectiver les potentiels changements dans le temps et avoir une gestion sur le temps long de la ressource.

Pour contacter Traqua : contact@traqua.be - https://www.traqua.be/
Article tiré de Neomag #69 - mars 2025

Restaurer les cours d'eau, un enjeu pour la biodiversité
Restaurer les cours d’eau, un enjeu pour la biodiversité

Pour assister ses clients dans leurs projets en relation avec les cours d’eau mais aussi participer activement aux objectifs environnementaux et réglementaires, LSC360 pilote des projets de restauration qui visent à renaturer l’hydromorphologie et la qualité de l’eau initiales de cours d’eau.

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Interview de Mélina Dubourg et Davy Thiringer, chefs de projet au sein du service Hydrologie chez LSC360

Quel est le contexte réglementaire en ce qui concerne l’eau au Luxembourg ?

Davy Thiringer : Il existe une directive européenne sur l’eau 2000/60/CE transposée en droit luxembourgeois dans la loi modifiée du 19 décembre 2008 relative à l’eau, qui impose aux États membres d’atteindre un bon état écologique des cours d’eau présents sur leur territoire. Au Luxembourg, l’Administration de la gestion de l’eau (AGE) sous la tutelle du ministre de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, est chargée de mettre en place des mesures pour répondre à ces objectifs.

Quel est l’état actuel des cours d’eau au Luxembourg ?

DT : Aucun des plus de 100 cours d’eau luxembourgeois n’atteint le bon état écologique à l’heure actuelle selon le dernier plan de gestion des parties luxembourgeoises du district hydrographique du Rhin et de la Meuse (2021-2027).

À quoi cela est-il dû ?

DT : L’état écologique d’un cours d’eau repose sur plusieurs facteurs : l’hydromorphologie du cours d’eau, c’est-à-dire son caractère physique, la forme de son lit et la manière dont l’eau s’écoule, la qualité de l’eau et des organismes qui y vivent, et la qualité chimique.
L’AGE détermine à partir de mesures concrètes et par rapport à des seuils définis, si le cours d’eau est en mauvais état, dans un état médiocre, dans un état moyen, en bon état ou en très bon état écologique. L’objectif étant de progresser régulièrement pour atteindre au minimum le bon état écologique. À l’heure actuelle au moins un de ces facteurs n’est pas atteint.

Parmi ces trois causes, sur lesquelles intervenez-vous ?

DT : Nous intervenons sur la partie physique et sur la partie qualitative, car l’un ne va pas sans l’autre : si l’hydromorphologie d’un cours d’eau n’est pas correcte, sa biologie ne pourra pas l’être. Par exemple, un poisson a besoin d’un habitat et d’une certaine qualité d’eau pour vivre et se reproduire. Il ne s’installera pas à un endroit si l’habitat est dégradé (c’est l’aspect physique), même si la qualité de l’eau est bonne, et vice-versa.

À quelles problématiques la renaturation des cours d’eau permet-elle de répondre ?

Mélina Dubourg : Dans le cadre de projets de renaturation dans leur globalité, nous travaillons sur tous les aspects du cours d’eau. Mais il existe aussi des projets dont le but premier est de garantir la protection des biens et des personnes en cas d’inondation. Il ne faut pas oublier que les cours d’eau ont été modifiés au cours de l’histoire pour un usage particulier (industriel, par exemple), ce qui a pour répercussion les épisodes de fortes pluies de plus en plus fréquents que nous connaissons aujourd’hui, à l’origine d’inondations et donc potentiellement de dégâts importants pour les riverains.

Au Luxembourg, l’augmentation constante des surfaces scellées génère de nouveaux défis aussi bien en termes de gestion des eaux pluviales que d’état écologique des cours d’eau. C’est pourquoi il est préférable de réfléchir à une échelle globale pour pouvoir répondre à un panel de problématiques.

Par où commence-t-on pour restaurer l’environnement naturel d’un cours d’eau ?

MD : Pour le trait hydromorphologique, le raisonnement est toujours le même quelle que soit la problématique sur laquelle nous nous focalisons. Il faut d’abord établir la « carte d’identité » du cours d’eau, afin de connaître son passé et comprendre son présent pour statuer sur son état futur.

Pour sa situation passée, l’AGE peut nous fournir des données historiques (cartes ou mesures par exemple) qui nous permettent de vérifier si le cours d’eau a toujours été implanté à l’endroit actuel et d’établir un diagnostic de ses mesures physiques (largeur, hauteur d’eau, etc.). Une fois le diagnostic établi, on peut lui attribuer une typologie, c’est-à-dire le faire entrer dans une famille de cours d’eau rassemblant des caractéristiques communes. Seulement après cette étape, des propositions de mesures à mettre en place peuvent être envisagées.

DT : Il en va de même en ce qui concerne les écosystèmes : on ne renature pas un cours d’eau selon un modèle prédéfini, mais en fonction d’un diagnostic initial qui consiste à déterminer quelles sont les espèces qui vivaient à l’origine dans ce cours d’eau, ce qu’on peut faire pour qu’elles s’y installent à nouveau, comment assurer la continuité écologique c’est-à-dire supprimer les barrages pour que l’ensemble des espèces, des sédiments et des matières qui transitent par ce cours d’eau puissent y circuler librement.

Quel est l’objectif de vos préconisations ?

DT : Elles visent à redonner ses fonctionnalités originelles au cours d’eau. Un cours d’eau a une fonction de stockage en cas d’inondation mais aussi lors d’une sécheresse. Lorsqu’il est rectiligne, canalisé et bétonné, il est contraint de rester dans son chenal et ne peut pas sortir de son lit en cas de pluie. En le remodelant, en recréant des sinuosités pour diversifier les vitesses de courant et des berges pour qu’il puisse s’étendre sur les plaines environnantes, il pourra déborder librement en zones non urbanisées, limitant les risques d’inondation pour les zones urbanisées.

Un cours d’eau joue aussi un rôle dans l’épuration des eaux. En revégétalisant ce cours d’eau, en y réintroduisant aussi bien des espèces végétales qu’animales, on rendra à la rivière sa capacité d’autoépuration naturelle.

Enfin, un cours d’eau est un réservoir de biodiversité, un endroit où les animaux se développent du stade larvaire jusqu’à l’émergence, et où toute une faune et une flore fonctionnent dans un équilibre dynamique.

Quel type de mesures recommandez-vous, par exemple ?

MD : Il existe plusieurs zones d’intervention sur le cours d’eau : le lit mineur, les berges et la plaine alluviale. Des mesures peuvent aussi bien être mises en place sur une zone ponctuelle que sur l’ensemble des zones.

Nous pouvons travailler sur la diversité d’écoulement en implantant dans le cours d’eau des pièces de bois morts qui permettent la création de niches écologiques.

Pour stabiliser des berges soumises à l’érosion, des dispositifs naturels comme la création d’une strate arbustive et arborée peut être implantée. Elle apportera également de l’ombre et favorisera le déploiement d’espèces préférant les températures fraîches aux zones ensoleillées.

À quelles contraintes vous heurtez-vous dans vos projets de renaturation ?

MD : L’aspect foncier reste la première contrainte dans ce type de projets, car ils nécessitent l’utilisation d’importantes surfaces exploitables, si on imagine par exemple reméandrer un cours d’eau rectiligne. Il y a donc tout un cheminement à réaliser avec l’appui de l’AGE, avec les propriétaires des surfaces concernées, pour qu’ils acceptent de céder une partie de leurs terrains.

DT : Il est vrai que traiter de l’eau pour la réinjecter dans un milieu naturel avec un certain seuil qualitatif peut engendrer des coûts supplémentaires, mais notre rôle est d’harmoniser les besoins des clients et le respect des procédures réglementaires.

Il y a aussi une sensibilisation des utilisateurs des cours d’eau à mettre en place. Les activités humaines comme les rejets industriels ou de stations d’épuration apportent des nutriments dans l’eau qui favorisent son réchauffement et la prolifération d’algues vertes, pouvant aboutir à une fermeture des zones de baignade. Ainsi, il faut faire prendre conscience que chaque action peut influencer de manière positive ou négative la qualité et les fonctionnalités d’un cours d’eau.

Avec quels acteurs travaillez-vous ?

DT : Une grande diversité d’acteurs publics et privés font appel aux services de LSC360. Nous développons actuellement une expertise sur l’évaluation des impacts environnementaux spécifique aux cours d’eau. Nous collaborons par exemple avec l’AGE et les syndicats d’assainissement des eaux usées pour améliorer l’impact des stations d’épuration (il y en a une centaine au Luxembourg) et des bassins de rétention des eaux pluviales et faire en sorte que les eaux qui arrivent dans les cours d’eau soient acceptables par le milieu naturel, c’est-à-dire qu’elles ne soient pas saturées de certains éléments et ne dégradent pas la qualité de l’eau.

MD : Nous travaillons aussi sur des mesures visant à améliorer la qualité hydromorphologique des cours d’eau (diversifications des habitats, protection de berges...) tout en la combinant avec la problématique inondation. Ainsi, de nombreuses communes mais aussi des acteurs privés nous sollicitent pour ces sujets parfois sensibles.

Comment se passe la collaboration entre les différents services au sein de LSC360 ?

DT : LSC360 réunit un ensemble d’expertises complémentaires qui permettent de guider les clients dans toutes les phases de leurs projets : diagnostic, conception, autorisation, mise en œuvre, évaluation. Prenons la construction d’un pont enjambant un cours d’eau. Ce projet a forcément un impact sur le milieu aquatique. Notre service va donc établir un diagnostic sur site qui visera à déterminer s’il existe des espèces protégées ou des contraintes hydrologiques particulières, avant que d’autres services de LSC360 ne conçoivent le pont et se chargent du suivi technique des travaux. Nous avons également une section qui est en mesure de suivre l’impact environnemental des travaux et de vérifier que les préconisations qui ont été faites pour la protection des milieux aquatiques sont bien respectées. Quand le projet est finalisé, nous pouvons établir un second diagnostic de contrôle qui permet de comparer les données acquises avant et après travaux, et de mettre en évidence l’impact réel de notre intervention. L’avantage est que nous pouvons nous consulter les uns les autres pour répondre à l’ensemble des problématiques qui se présentent et se concentrer réellement sur l’état de santé du cours d’eau.

Mélanie Trélat
Article tiré de Neomag #69 - mars 2025

Renaturer la Wooltz : un projet écologique et social
Renaturer la Wooltz : un projet écologique et social

À Wiltz, un projet de transformation urbaine est en cours. Conçu en étroite collaboration avec la commune de Wiltz et porté par le Fonds du Logement, celui-ci prévoit la réalisation de 1 085 logements sur une ancienne friche industrielle. Baptisé Wunne mat der Wooltz, ce projet immobilier est toutefois bien plus qu’une simple zone résidentielle.

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Si la Wooltz a longtemps été un élément central dans les activités industrielles à Wiltz, la rivière a vu son rôle évoluer au fil du temps. Aujourd’hui, le Fonds du Logement s’attache à lui redonner toute sa splendeur en faisant d’elle la colonne vertébrale du projet immobilier Wunne mat der Wooltz. Et l’objectif est clair : replacer la rivière au cœur de l’environnement et de la vie locale.

Prévenir les inondations

Un projet pour le moins ambitieux aux multiples enjeux. « Face aux défis climatiques et environnementaux, la gestion des eaux pluviales constitue une priorité », soulignent ainsi Denis Ory, ingénieur chef de projets, et Guillaume Polet, chargé d’opérations au Fonds du Logement. À commencer par la prévention des inondations en cas d’intempéries.

Pour y parvenir, un système de gestion en cascade sera mis en place afin de ralentir autant que possible l’arrivée de l’eau dans la rivière. Ce dispositif repose sur plusieurs étapes : une première rétention grâce aux toitures plates végétalisées, suivie de bassins de rétention aménagés dans les espaces publics. Enfin, un système de canalisation agira comme tampon supplémentaire, retardant encore davantage le flux d’eau vers la rivière.

Redonner vie à la rivière

Outre ces mesures préventives, les équipes du Fonds du Logement travaillent également – en lien avec l’Administration de la gestion de l’eau et l’Administration de la nature et des forêts – sur un volet biologique. Car au fil du temps, la rivière a été adaptée aux besoins de l’Homme. L’objectif est donc de lui rendre son aspect naturel pour que la faune et la flore puissent à nouveau se développer. Le barrage actuellement en place va par exemple être remplacé par une rampe à poissons – bien plus basse – qui favorisera le déplacement des espèces dans l’écosystème. Un couloir de circulation artificiel sera également recréé pour les chauves-souris durant les travaux. Quant aux berges, elles seront à nouveau végétalisées en faveur de la faune.

Néanmoins, si certains espaces seront protégés – permettant à la faune à et à la végétation de se développer – d’autres seront accessibles aux habitants. Une coulée verte, en plein cœur du quartier, sera par exemple réalisée avec des pistes cyclables, des chemins piétons, des lieux de rencontre ou encore des aires de jeux. Il s’agira d’un véritable poumon vert autour duquel s’articulera le quartier. De cette manière, les futurs habitants – mais également ceux des autres quartiers de la ville – pourront profiter quotidiennement des charmes de la rivière renaturée.

Une démarche durable au service des générations futures

Mais cette renaturation ne s’arrête pas là : elle va en effet de pair avec l’approche écologique et durable chère au Fonds du Logement. Car ce dernier a à cœur de développer des projets toujours plus respectueux de l’environnement. Le futur quartier « Wunne mat der Wooltz » n’y fait pas exception.

Une partie des eaux sera ainsi récupérée pour être réutilisée, que ce soit pour les sanitaires, le lavage des voitures ou encore l’arrosage des plantes. Les eaux grises – autrement dit, issues de l’évacuation d’une douche, d’un lavabo ou d’un lave-vaisselle par exemple – seront à termes elles aussi valorisées.

Un quartier où il fait bon vivre

Enfin, plusieurs principes de l’économie circulaire seront mis en place, comme le traitement des déchets, le traitement et la réutilisation des terres ou encore la mise en place d’un concept énergétique neutre en carbone. Une grande attention sera également portée au choix de matériaux réutilisables et durables.

Quant aux bâtiments, ils ont été conçus pour être flexibles et modulaires. Autrement dit, ils ont été pensés de manière à pouvoir s’adapter aux modes de vie futurs et donc d’augmenter leur durée de vie. Sans oublier la mobilité douce. Les modes de déplacements dits verts et l’utilisation des transports en commun seront ainsi encouragés. De quoi faire de Wunne mat der Wooltz, un quartier où il fera bon vivre.

Fonds du Logement
Article tiré de Neomag #69 - mars 2025

Un parc pour tout et pour tous
Un parc pour tout et pour tous

Lauréat du Bauhärepräis 2024, le projet de réaménagement du plus grand parc de la Ville de Luxembourg, situé à Gasperich, s’est achevé en 2023 après 3 ans de travaux. Il inclut la renaturation du Drosbach sur 810 m et d’un étang de 7 000 m2.

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Reportage Ordre des Architectes et des Ingénieurs-conseils : Rencontre avec Carlo Mersch, ingénieur-paysagiste, membre de l’OAI

Un cadre multifonctionnel au cœur de la ville

Sur ses 16 ha au centre du quartier très urbanisé du ban de Gasperich, le parc offre la possibilité d’une panoplie d’activités diverses, qu’elles soient dynamiques ou plus contemplatives, à commencer par la promenade ou le jogging, avec 2,5 km de chemins, dont une partie sur pilotis de manière à rendre l’espace accessible quelle que soit la météo. L’axe principal a une largeur de 4 m pour faciliter le passage des engins d’entretien. Deux cercles, de part et d’autre du parc, visibles du ciel, forment un « corporate design ». Le premier est une pelouse de manifestations, dédiée à l’organisation de concerts et autres évènements. Raccordée aux réseaux d’électricité et d’eau, cette zone propose aussi un pavillon qui peut servir de refuge si le temps tourne à l’orage. Le second est une aire de jeux pour enfants. Le parc regroupe aussi un verger, des espaces de rencontre et de repos équipés de transats, bancs et tables de pique-nique en bois. La buvette qui ouvrira ses portes au printemps animera bientôt le lieu.

Au centre, le Drosbach renaturé

Prenant sa source à Leudelange, dans la région des marnes jurassiques, pour se jeter dans l’Alzette à Howald, le ruisseau serpente à travers le parc.

Un mémoire, émis par l’Administration des services du géomètre et des parcs de la Ville de Luxembourg, décrit son état initial : « La capacité de stockage d’eau relativement faible des sols et l’écoulement rapide des eaux de surface des zones d’activités adjacentes entraînent, lors des précipitations, une élévation très rapide du niveau de l’eau et des inondations fréquentes. Le lit du ruisseau a été rectifié dans la région et souffre d’une forte érosion en raison de l’absence de haies protectrices ».

Carlo Mersch, qui a conçu le projet alors qu’il était à son compte chez Carlo Mersch ingénieurs-paysagistes et travaille désormais sous la bannière LSC360, précise : « Avant notre intervention, c’était un canal rectiligne, avec la pâture de chaque côté, conçu sans aucun ombrage et sans la moindre réflexion sur la qualité de l’eau. Nous l’avons placé au point le plus bas du terrain et remodelé. Nous avons établi les plans sur base des études hydrologiques réalisées par le bureau TR-Engineering. Les grands principes étaient arrêtés dans ces plans, mais nous avons décidé des détails sur site, ensemble avec l’Administration de la gestion de l’eau (AGE) ».

Les mesures de renaturation mises en œuvre comprennent l’élargissement du lit du ruisseau avec une cuvette peu profonde, de 15 à 40 m de large, qui permet à l’eau de suivre son propre chemin en formant des méandres, limitant ainsi les risques d’inondation, ainsi qu’une élévation du fond du cours d’eau de 50 cm à 1 m.

Une variété végétale

On trouve, dans ce parc, une alternance de surfaces ouvertes et de surfaces boisées, de pelouses structurées et de prairies fleuries qui ne sont fauchées qu’en juin pour favoriser la biodiversité.
Pour l’instant, le terrain semble assez nu et il faudra encore quelques années pour qu’il exprime pleinement son potentiel. « Contrairement aux bâtiments des architectes, qui atteignent leur apogée esthétique dès leur construction, notre travail de paysagiste nécessite une dizaine d’années avant de révéler ses résultats. Nous avons planté de jeunes arbres qui vont encore grandir. À terme, une forêt alluviale de 10 à 15 m de large bordera le Drosbach. En créant de l’ombre sur le ruisseau, les arbres éviteront que l’eau se réchauffe, faisant baisser le taux d’oxygène et proliférer les algues. Sur la plaine de jeux, les arbres sont plus hauts : ils sont âgés d’une quinzaine d’années et mesurent 7 à 8 m. Leur plantation s’inscrit dans une démarche de compensation des arbres abattus lors de de la construction du tram. Nous avons également prévu des zones de végétation spontanée autour du ruisseau et dans l’étang. Le milieu aquatique, particulièrement nourricier, favorise l’évolution des plantes qui ont une fonction autoépuratrice. L’étang, d’une profondeur maximale de 2,2 m, a ainsi vu se développer une roseraie, qui va certainement coloniser toutes ses berges. Il est alimenté par la nappe phréatique et n’est pas en contact direct avec le Drosbach, même si ce dernier peut s’y déverser en cas de crue ».

Un parc pour les hommes

Le parc apporte de nombreux bénéfices environnementaux, mais il a avant tout été pensé dans l’intérêt de ses personnes qui vivent et travaillent dans le quartier. « Les prairies à fleurs couvrent environ la moitié de la superficie, en équilibre avec les pelouses entretenues. Elles abritent des écosystèmes variés, en particulier des oiseaux nicheurs. Elles restent cependant accessibles au public. Nous n’avons pas voulu ôter quelque chose aux gens car ce parc est fait pour eux. La biodiversité est un atout, mais ce n’est pas le principal. De toutes façons, je ne pense pas que qui que ce soit aura l’idée de jouer au ballon dans une prairie à fleurs, peut-être quelqu’un fera-t-il quelques pas à travers vers l’étang, mais et alors ? Ce n’est pas problème ! », conclut Carlo Mersch.

Mélanie Trélat
Article tiré de Neomag #69 - mars 2025

Un bureau flottant à Rotterdam, Pays-Bas, par Powerhouse Company
Un bureau flottant à Rotterdam, Pays-Bas, par Powerhouse Company

Quelquefois, ce n’est ni la roche, ni la terre, mais bien l’eau qui fait office de « fondations », comme en témoigne ce projet de bureaux flottant, amarré au port de Rijnhaven à Rotterdam. Un prélude aux façons d’habiter ou de travailler qui concernera indubitablement les citoyens littoraux ?

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Aujourd’hui, près de 60 % de l’humanité « habite » l’ensemble des littoraux du globe, sur une profondeur qui s’étend jusqu’à 60 kilomètres vers l’intérieur des terres, tandis que 12 % à 15 % selon les estimations occupent ce que l’on dénomme la frange littorale, où l’élévation du relief est inférieur à 10 mètres d’altitude ; les îles et les grands deltas urbanisés seront évidemment concernés, et à quelques encâblures du Luxembourg, c’est une frange importante du nord de l’Europe qui pourrait être profondément impactée, en témoigne la simulation réalisée sur Climate Central en illustration. On le sait, nos voisins bataves ont une très longue expérience dans la gestion du sujet et c’est tout naturellement que les projets les plus innovants de constructions et de quartiers flottants y voient le jour.

Une structure claire qui rythme les façades
Une structure claire qui rythme les façades

Comme une base flottante

Inauguré le 6 septembre 2021 par Sa Majesté le Roi Willem-Alexander des Pays-Bas, Ban Ki-moon, ancien Secrétaire général des Nations Unies, et Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international, le projet de bureaux flottants baptisé « FOR » n’est pas seulement l’un des bureaux les plus durables, c’est aussi le plus grand bureau flottant au monde et un pionnier des espaces de travail circulaires construits en bois. La conception du projet reflète les valeurs de ses occupants, soucieux des questions environnementales : neutre en carbone, il est conçu pour résister au climat et flottera si le niveau de la mer augmente en raison du dérèglement climatique.

Ce projet est le point de départ d’une régénération plus large du Rijnhaven de Rotterdam, qui était autrefois l’un des ports les plus actifs de la ville. La revitalisation d’anciens terrains industriels aujourd’hui désaffectés ouvrira la voie à un nouveau centre-ville dynamique et animé. Dans le sillage de l’industrie portuaire disparue, le bureau flottant joue un rôle important en réactivant le paysage de la rue avec une activité animée grâce à ses installations publiques. Outre la création d’un lieu de travail attrayant, ces caractéristiques attireront les visiteurs dans la zone et redonneront vie à l’ancien port.

Vue élargie du projet
Vue élargie du projet

Conçu par les architectes de Powerhouse Company, le FOR abrite le Global Center on Adaptation (GCA) - une ONG qui vise à promouvoir la planification, l’investissement et la technologie pour atténuer le changement climatique, la banque ABN-AMRO, le développeur/promoteur immobilier RED Company, les bureaux/atelier des architectes et un restaurant comprenant une grande terrasse extérieure et une piscine « flottante » dans la Nouvelle Meuse.

La structure en bois extrêmement robuste, simple et cartésienne du bâtiment, organisée autour d’une grille constructive rigoureuse, réduit considérablement son empreinte carbone et peut être facilement démontée et réutilisée, totalement prête pour l’économie circulaire, tandis que l’ensemble des autres matériaux utilisés sont entièrement recyclables. Les balcons en surplomb des étages créent une protection solaire permanente, ce qui permet aux grandes fenêtres munies de vitrages isolants triples de laisser entrer la lumière du jour à profusion dans les étages de bureaux, tout en contrôlant le rayonnement solaire estival. Une moitié de la couverture de toiture est végétalisée ; générant ses propres apports énergétiques grâce à 800 m2 de panneaux solaires photovoltaïques installés sur la seconde moitié de la couverture, le FOR exploite également l’eau du port de Rijnhaven au travers d’un système d’échange de chaleur qui alimente les systèmes de chauffage par le sol d’une part et de refroidissement au travers des plafonds d’autre part, rendant le projet énergétiquement autosuffisant.

À propos de Powerhouse Company

Powerhouse Company est un bureau d’architecture primé, basé à Rotterdam aux Pays-Bas. Fondé en 2005, il s’est progressivement mué en un bureau multidisciplinaire d’une centaine de professionnels avec des studios internationaux basés à Oslo et à Munich. Le bureau a reçu, entre autres, le Dutch Design Award, le Maaskant Prize et le AM/NAI Award.

Textes et illustrations : ©Powerhouse Company ; textes, traduction et adaptations par Régis Bigot architecte & Innovation Project Manager Neobuild GIE
Article tiré de Neomag #69 - mars 2025

L'eau, fil conducteur d'un projet immobilier
L’eau, fil conducteur d’un projet immobilier

Avec l’évolution du climat, des prix et des réglementations, la gestion durable de l’eau devient un sujet de plus en plus stratégique pour les constructeurs comme pour les futurs propriétaires.

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Interview de François Lecomte, responsable études chez Thomas & Piron Luxembourg

Pourquoi l’eau est-elle essentielle dans vos projets ?

Avant l’achat du terrain, nous analysons la présence de certaines essences d’arbres, de pâtures marécageuses ou de ruisseaux pour comprendre la nature du sol. Une fois propriétaires du terrain, nous réalisons des essais pour détecter la roche et l’eau souterraine, et ainsi évaluer la capacité portante su sol. Ces essais consistent en des relevés réguliers du niveau de la nappe phréatique, au moyen de piézomètres. Nous le faisons généralement en période hivernale, quand la nappe est au plus haut, de manière à mesurer le niveau maximal de l’eau sous le terrain naturel. Lors du chantier, l’eau est indispensable : les maçons en ont besoin pour travailler, et certains travaux intérieurs, comme le plâtre, sont impossibles en cas de gel.

Vos clients expriment-ils des attentes en ce qui concerne les systèmes de gestion de l’eau ?

La demande n’émane pas souvent des clients mais notre maison expo de Junglinster leur permet de découvrir des solutions comme les citernes de récupération d’eau de pluie associées à des groupes hydrophores chargés de basculer automatiquement de l’eau de ville à l’eau de pluie pour le jardinage, le lavage des véhicules, les chasses d’eau ou encore les lave-linges (à condition d’ajouter des filtres supplémentaires). Une citerne de 5 000 litres est généralement suffisante pour couvrir les besoins d’un ménage moyen, dans le cadre d’une utilisation classique.

Le prix de l’eau est-il un facteur de décision ?

L’investissement initial est rapidement mis dans la balance, mais le prix de l’eau potable a tendance à augmenter et comme chaque commune établit sa propre tarification, il est difficile d’évaluer la durée moyenne d’amortissement d’un système de récupération. Disposant personnellement d’un système de récupération d’eau de pluie, je constate que mes factures sont deux fois moins élevées que celles de ménages similaires. On estime, par ailleurs, que les chasses d’eau représentent environ 25 % de la consommation d’eau annuelle d’un ménage, donc en connectant ses chasses d’eau sur le réseau d’eaux pluviales, on peut déjà réduire d’autant sa facture. Ce type d’installations bénéficie de subventions de l’Administration de la gestion de l’eau (AGE).

Quels autres dispositifs proposez-vous ?

Nous conseillons un adoucisseur uniquement quand les résultats des analyses de qualité de l’eau de la commune le justifient. Son installation doit être prévue dès le début du projet, car la petite place qu’il prend dans le local technique peut être utilisée autrement le cas échéant.

Il en va de même pour le dimensionnement des boilers couplés à des systèmes de chauffage basse température. Ils sont économes en énergie, mais demandent plus de temps que les systèmes à haute température pour réchauffer l’eau. Pour limiter la consommation d’eau chaude sans sacrifier le confort, nous conseillons des robinets éco et guidons nos clients vers des choix durables.

Accompagnez-vous vos clients dans leurs démarches de demande de primes ?

Tout d’abord, nous faisons une veille juridique pour anticiper une éventuelle modification de la réglementation sur les primes. Ensuite, nous pré-remplissons tous les documents nécessaires aux demandes de primes. Certaines étapes restent toutefois à la charge du client : une fois installé dans sa maison, il doit déposer une demande auprès de la Chambre des Métiers pour la réception de son installation. Cette étape vise à contrôler que les réseaux d’eau de pluie et d’eau de ville sont effectivement séparés et que les points d’eau non potable sont clairement signalés. Ce n’est qu’après cette validation qu’ils peuvent envoyer leur dossier et obtenir les subventions étatiques.

Quelles sont les contraintes réglementaires relatives à la gestion de l’eau potable dans les maisons ?

L’une des principales exigences concerne la séparation stricte entre les eaux pluviales et les eaux de ville, afin d’éviter tout risque de contamination. La surface imperméabilisée est également soumise à une réglementation, car elle détermine la quantité d’eau rejetée dans le réseau public. Ce dernier ayant une capacité d’absorption limitée, chaque nouveau développement doit en tenir compte.

Cependant, la construction de maisons implique des surfaces imperméables. Comment éviter la surcharge des réseaux ?

La solution à privilégier reste l’absorption locale. Cela se fait parfois via des bassins de rétention, mais ces derniers, souvent entourés de grillages pour des raisons de sécurité, sont peu esthétiques, ils sont vides une grande partie du temps et peuvent se remplir très rapidement en cas de fortes pluies. Il est aussi possible de favoriser l’infiltration naturelle de l’eau dans le sol grâce à des aménagements adaptés comme les pavés drainants qui absorbent l’eau de pluie et ralentissent son écoulement dans le réseau public en cas de pluies prolongées. Dans certains projets, comme notre lotissement de Junglinster, nous avons opté pour des toitures végétalisées intensives. Elles peuvent être connectées à des citernes d’eau de pluie moyennant une filtration très fine. Une telle toiture doit être planifiée dès la conception car le substrat, la végétation et la retenue d’eau ajoutent un poids conséquent sur les fondations et les structures porteuses, qui doivent être dimensionnées en fonction. Une autre alternative, encore rare au Luxembourg, est l’installation de citernes temporisées. Déjà utilisées en France, elles stockent jusqu’à 10 000 litres d’eau et en libèrent une partie de façon différée, limitant ainsi la surcharge des réseaux publics en cas de fortes pluies.

Mélanie Trélat
Article tiré de Neomag #69 - mars 2025

Un bien précieux sous pression
Un bien précieux sous pression

L’eau est une ressource essentielle à la vie, aux écosystèmes et aux activités humaines. Bien que notre planète soit recouverte à plus de 70 % par l’eau, seuls 2,5 % se présentent sous forme d’eau douce.

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Rencontre avec Fabian Ahlhelm et Florian Steinfeld, ingénieurs chez Betic, part of Sweco.

Au Grand-Duché, l’eau potable provient à parts égales des nappes phréatiques et du barrage d’Esch-sur-Sûre. Sa gestion rigoureuse ainsi que la mise en place de solutions de réutilisation des eaux usées s’imposent pour réduire la pression sur les ressources en eaux souterraines et de surface du pays. « Nous travaillons actuellement sur des projets de modernisation et de construction de stations d’épuration dans le pays afin de répondre toujours plus à la demande croissante en eau potable, mais il existe des alternatives, telle que la réutilisation des eaux usées in-situ qui représente une solution prometteuse, allégeant en outre la charge des stations » souligne Florian Steinfeld, ingénieur chez Betic, part of Sweco.

« Avec le recyclage in situ des eaux grises, il est possible de réduire la consommation d’eau potable. Nous envisageons sur nos projets de récupérer toutes les eaux disponibles sur site, qu’il s’agisse des eaux pluviales ou des eaux grises, afin de les réutiliser pour différents usages comme les chasses d’eau, l’arrosage et les buanderies. L’objectif est de limiter autant que possible la demande en eau via le réseau public » explique Fabian Ahlhelm, ingénieur chez Betic, part of Sweco. Cependant, cette approche n’est pas la seule. D’autres initiatives, comme un projet visant à diminuer la consommation d’eau d’une piscine, sont en cours. L’objectif est clair : limiter les pertes et améliorer la gestion de cette ressource vitale.

La conception des bâtiments doit également intégrer une vision à long terme, en évitant le vieillissement prématuré et en minimisant leur consommation énergétique. Dans cette optique, la gestion de l’eau doit être intégrée dès les premières phases de conception. Il est essentiel d’implémenter des solutions concrètes pour garantir un approvisionnement durable en eau. La modernisation des infrastructures, la réutilisation des eaux usées, la lutte contre le gaspillage constituent notamment des leviers stratégiques pour relever les défis futurs. Chaque goutte d’eau compte, et il est plus urgent que jamais d’agir pour préserver ce précieux « or bleu ».

Article tiré de Neomag #69 - mars 2025

La réutilisation des eaux grises dans le bâtiment
La réutilisation des eaux grises dans le bâtiment

Face aux enjeux environnementaux et à la pression croissante sur les ressources en eau, la réutilisation des eaux grises apparaît comme une solution pertinente pour réduire la consommation d’eau potable dans le bâtiment. Pourtant, cette pratique reste encore marginale en raison de divers freins, notamment réglementaires et économiques.

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Que sont les eaux grises ?

Les eaux grises désignent les eaux usées domestiques faiblement polluées, issues des douches, baignoires, lavabos et machines à laver. Elles se distinguent des eaux noires qui proviennent des toilettes et contiennent des matières fécales. Les eaux de cuisine sont en général exclues de cette nomenclature en raison de la présence de matières grasses difficiles à traiter. Une fois traitées, les eaux grises peuvent être réutilisées pour des usages non potables, contribuant ainsi à une gestion plus durable des ressources en eau.

Usages et cadre réglementaire de l’eau recyclée

Au Luxembourg, les eaux grises représentent environ 48 % des eaux usées d’un foyer (source : Administration de la gestion de l’eau, chiffres 2019 - eau.gouvernement.lu). Leur réutilisation pourrait permettre une réduction significative de la consommation d’eau potable, notamment pour l’alimentation des toilettes, le lavage des sols ou des véhicules, ainsi que l’arrosage des potagers. Cependant, les usages autorisés varient selon les pays et leurs réglementations.

La réglementation européenne en matière de réutilisation des eaux usées traitées est principalement définie par le Règlement (UE) 2020/741 du Parlement européen et du Conseil du 25 mai 2020. Ce texte, entré en vigueur le 26 juin 2023, fixe des exigences minimales de qualité et de surveillance de l’eau, ainsi que des règles de gestion des risques, afin d’assurer une utilisation sûre de l’eau recyclée, en particulier pour l’irrigation agricole. Toutefois, ce règlement ne couvre pas directement la réutilisation des eaux grises dans les bâtiments, laissant chaque État membre définir ses propres réglementations.

En France par exemple, la réutilisation des eaux grises est encadrée par des dispositions légales spécifiques. Depuis le 12 juillet 2024, de nouvelles réglementations définissent des normes de qualité pour ces eaux recyclées. Elles sont autorisées pour divers usages non potables, notamment l’arrosage des espaces verts, l’alimentation des toilettes, le nettoyage des surfaces extérieures, le lavage de véhicules et l’alimentation de fontaines décoratives. Selon l’usage, des critères de qualité spécifiques doivent être respectés, classés en qualité A et A+. Un contrôle annuel de la qualité des eaux doit également être réalisé.

Au Luxembourg, aucune réglementation spécifique n’encadre encore la réutilisation des eaux grises dans les bâtiments. Cependant, des recommandations luxembourgeoises propres (basées sur des standards locaux d’application et des extraits issus de normes telles que EN 1717 et EN 16941-2) apportent des précisions sur les systèmes de traitement, les sources de récupération, les usages potentiels et les exigences en matière de conception, de dimensionnement, d’installation, d’utilisation et d’entretien des dispositifs. Même si l’installation de ces systèmes dans les bâtiments ne doit actuellement pas faire l’objet d’une autorisation ou d’un contrôle spécifique, une attention particulière doit leur être portée pour éviter tout risque de contamination du réseau public d’eau et d’éventuels problèmes sanitaires liés à un traitement inadéquat des eaux grises. Actuellement, seule la réutilisation des eaux grises vers les WC est tolérée.

Quels freins à la réutilisation des eaux grises ?

Malgré ses bénéfices environnementaux, la réutilisation des eaux grises se heurte à plusieurs obstacles. Tout d’abord, l’absence de cadre juridique clair et harmonisé en Europe limite son déploiement à grande échelle. Le coût élevé des infrastructures, incluant les systèmes de traitement et de redistribution, représente un surcoût initial important, rendant actuellement le retour sur investissement long et incertain. Par ailleurs, l’intégration de ces systèmes complexifie la conception et l’entretien des bâtiments, notamment pour les maisons individuelles. Enfin, l’acceptation sociétale demeure un frein, certains usagers restant réticents à l’idée d’utiliser de l’eau recyclée, même pour des usages non potables.

Avantages de la réutilisation des eaux grises

Contrairement à l’eau de pluie, dont la disponibilité est variable en fonction des conditions météorologiques, les eaux grises présentent un apport constant et stable tout au long de l’année. Cette régularité constitue un atout majeur pour optimiser la gestion de l’eau dans les bâtiments et garantir un approvisionnement fiable pour des usages non potables.

Bien que leur traitement soit plus complexe que celui des eaux pluviales en raison d’une pollution organique et microbiologique plus importante, l’effort requis est compensé par le volume significatif d’eau récupéré et réutilisable. En effet, les eaux grises représentent une ressource considérable, permettant de couvrir une large partie, voire la totalité des besoins en eau non potable d’un bâtiment. Leur valorisation contribue ainsi à limiter la pression exercée sur les ressources en eau potable tout en réduisant les rejets d’eaux usées vers les stations d’épuration.

L’intégration de systèmes de recyclage des eaux grises permet ainsi de réduire significativement la consommation d’eau potable favorisant ainsi la résilience des bâtiments face aux épisodes de sécheresse et à la raréfaction de l’eau potable. En milieu urbain, elle permet d’alléger la charge des réseaux d’assainissement souvent saturés, tout en réduisant le risque de débordements lors de fortes précipitations.

Emmanuelle Ciota, Innovation Project Manager Neobuild GIE
Article tiré de Neomag #69 - mars 2025

Améliorer la gestion de l'eau dans les circuits fermés
Améliorer la gestion de l’eau dans les circuits fermés

L’eau dans les bâtiments dépasse largement ses usages quotidiens comme l’hygiène, la consommation ou l’entretien. Elle joue un rôle essentiel dans des systèmes souvent oubliés, notamment les circuits fermés de chauffage et de refroidissement.

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Le maintien d’une qualité optimale de l’eau dans ces circuits est crucial pour préserver les équipements, optimiser le réseau, minimiser les coûts de maintenance et éviter des interventions lourdes comme les vidanges complètes ou les réparations coûteuses.

Les principaux défis des circuits fermés

Le calcaire et l’entartrage sont des problèmes majeurs. Au Luxembourg, la dureté de l’eau varie selon les régions : plus douce dans le nord (8°fH à 15°fH) et modérément dure à dure dans le centre et le sud (15°fH à 30°fH). Pour réduire les dépôts de calcaire, l’utilisation d’eau déminéralisée est courante, mais elle présente des risques de corrosion si des précautions ne sont pas prises.

La corrosion, causée par des interactions chimiques avec l’eau (pH déséquilibré, oxygène dissous), est un ennemi redoutable des matériaux comme l’acier et le cuivre.

En raison de l’absence d’ions minéraux dans l’eau déminéralisée, elle favorise la dissolution des métaux pour rétablir son équilibre chimique. La corrosion engendre des équipements fragilisés, des fuites potentielles et une durabilité réduite des équipements.

Ces métaux dissous dans une eau corrosive génèrent des boues et des dépôts qui obstruent les canalisations, réduisant le débit et l’efficacité des systèmes. Un circuit fermé mal entretenu se traduit par une baisse des performances énergétiques, donc une surconsommation, et une durée de vie réduite des équipements.

Pour éviter ces problèmes, des solutions existent : des traitements chimiques comme les inhibiteurs de corrosion et les conditionneurs d’eau, et des dispositifs physiques comme les filtres, les désemboueurs et les systèmes de filtration magnétique. Ces mesures permettent de stabiliser l’eau, de limiter la formation de dépôts et de protéger les systèmes.

Neobuild GIE a mené une enquête auprès des professionnels du chauffage et du refroidissement pour analyser les pratiques courantes d’entretien des circuits fermés. Cette étude a fourni des données précieuses sur les types d’eau utilisés, les traitements appliqués et les différences selon les types de bâtiments.

Types d’eau utilisés

L’eau déminéralisée est utilisée dans 52 % des cas. Elle est souvent prescrite par le fabricant, et conditionne la garantie pour les réseaux du circuit fermé. L’eau déminéralisée, bien que pauvre en sels, peut être légèrement acide et favoriser la corrosion si son pH n’est pas correctement ajusté. Elle est une excellente option pour protéger les circuits fermés, en particulier dans les systèmes modernes ou sensibles aux dépôts et à la corrosion. Cependant, il est crucial d’assurer un suivi régulier et, si nécessaire, de compléter avec des traitements spécifiques pour éviter les effets secondaires, comme la corrosion due à une acidité excessive. L’eau adoucie, présente dans 22 % des installations, réduit la dureté de l’eau tout en évitant les risques de corrosion associés à l’eau déminéralisée. Enfin, l’eau brute est utilisée dans 26 % des cas, surtout dans des systèmes simples où les considérations de coûts priment, mais cette pratique peut compromettre la durée de vie des équipements.

Enquête Neobuild 2024 - Type de protection utilisée sur les circuits fermés
Enquête Neobuild 2024 - Type de protection utilisée sur les circuits fermés

Traitements appliqués

L’étude a également révélé que 17 % des installations ne bénéficient d’aucune protection, un choix risqué pour la durabilité des systèmes.

La filtration magnétique, présente dans 39 % des cas, est particulièrement appréciée pour sa simplicité d’installation et son efficacité dans la réduction des impuretés. Elle est largement adoptée pour les installations résidentielles et fonctionnelles, où un traitement physique des impuretés est suffisant pour assurer la bonne performance du système.
Les pots à boue, utilisés dans 17 % des systèmes, captent les boues et débris.

Enfin, l’injection chimique, bien que plus coûteuse et complexe à mettre en œuvre, est utilisée dans 9 % des cas pour stabiliser les paramètres de l’eau, notamment en régulant le pH et en inhibant la corrosion. Cette méthode est privilégiée dans les systèmes industriels où les conditions d’exploitation justifient l’utilisation de solutions plus avancées.

Différences selon le type de bâtiment

Dans les logements individuels (39 % des répondants), les solutions sont simples et économiques, comme l’eau brute ou la filtration magnétique. Les bâtiments fonctionnels (35 %), plus complexes, préfèrent l’eau adoucie et l’injection chimique, associées à des systèmes de séparation des circuits pour garantir une performance énergétique optimale. Les installations industrielles et spécifiques (26 %), comme les maisons de soins, utilisent des systèmes de filtration avancés, un monitoring précis et des pratiques strictes de séparation des circuits afin de réduire au maximum l’impact de ses systèmes sur l’exploitation générale du bâtiment.

Pratiques majoritaires

L’enquête montre que dans 65 % des cas, la séparation des circuits primaire et secondaire est appliquée, limitant les risques de contamination croisée et optimisant l’efficacité.

L’eau déminéralisée ou adoucie est privilégiée dans 74 % des installations, répondant aux besoins de performance et de protection contre le calcaire et la corrosion.

La filtration magnétique et les pots à boue sont utilisés dans 57 % des systèmes, offrant une solution abordable pour éliminer les impuretés.

Conclusion

L’entretien des circuits fermés est crucial pour l’optimisation énergétique des bâtiments et la durabilité des systèmes. Si des progrès sont constatés, notamment dans les grandes installations, des lacunes subsistent dans les petites installations résidentielles. Une meilleure sensibilisation aux bonnes pratiques et des solutions novatrices, comme les capteurs connectés, des traitements automatisés qui ne sont pas forcément chimiques, et la maintenance prédictive, pourraient améliorer significativement les performances des circuits fermés. En intégrant une gestion proactive, ces réseaux pourraient améliorer leurs performances, diminuer les coûts énergétiques en limitant les pertes dues à l’encrassement, réduire leur impact environnemental et assurer une meilleure durabilité des installations.

Emmanuelle Ciota, Innovation Project Manager Neobuild GIE
Article tiré de Neomag #69 - mars 2025

Une gestion de l'eau optimisée dans les circuits fermés
Une gestion de l’eau optimisée dans les circuits fermés

L’entartrage, la corrosion et l’encrassement des circuits fermés de chauffage et de refroidissement affectent le rendement énergétique des équipements et augmentent les besoins en maintenance. Pour y remédier, Aquabion et HVAC Europe ont développé des solutions performantes et sans produits chimiques.

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Rencontre avec Cyrille Gerhardt, directeur général d’Aquabion et HVAC Europe

Aquabion et HVAC Europe : deux approches complémentaires

Si vous êtes un lecteur assidu de Neomag, vous connaissez déjà AQUABION®, un dispositif de traitement du calcaire et de la corrosion adapté aux réseaux domestiques et industriels d’eau potable, qui agit aussi bien en préventif qu’en curatif, fonctionne sans électricité ni produits chimiques et ne requiert aucun entretien. Plus précisément, son fonctionnement repose sur un fonctionnement galvanique par anode de zinc pure et un système breveté autonettoyant. Le principe AQUABION® a pour but de transformer la calcite incrustante en aragonite poudreuse, qui n’adhère pas aux surfaces et s’évacue plus facilement.

La solution développée HVAC Europe, qui se focalise sur le traitement des circuits fermés, vient désormais compléter l’action d’AQUABION®, en permettant une gestion complète de l’eau dans les installations de chauffage et de refroidissement. « Ce procédé se base sur un processus en plusieurs étapes : analyse de l’eau, désembouage, nettoyage puis remplissage avec une eau déminéralisée. Ce traitement est couplé à un régulateur électrochimique, qui stabilise trois paramètres fondamentaux : l’oxygène, le pH et la conductivité. L’objectif est d’éviter la réapparition de la corrosion en maintenant une qualité d’eau stable sur le long terme », explique Cyrille Gerhardt, directeur général d’AQUABION® et HVAC Europe.

Zéro produit chimique, la garantie d’un environnement respecté

Comme AQUABION® et contrairement à la plupart des méthodes classiques, la solution HVAC Europe privilégie des solutions physiques et mécaniques. « Le régulateur électrochimique intègre un dégazeur, une anode de magnésium et un barreau magnétique. Ce dernier capte les particules en suspension, réduisant ainsi les risques de colmatage. Un nettoyage périodique - tous les 6 à 12 mois en fonction de la qualité de l’eau et des conditions du réseau - permet d’assurer une efficacité continue. Pour empêcher l’introduction d’eau brute, qui peut être source de nouvelles corrosions, nous utilisons une cartouche de résine pour le remplissage d’appoint », poursuit-il.

Cette procédure est conforme à la directive allemande VDI 2035, qui garantit que l’installation reste couverte par la garantie du fabricant, évitant des coûts de réparation supplémentaires pour les utilisateurs.

Une action préventive pour un impact durable

L’application de cette technologie est recommandée dès l’installation d’un nouveau système de chauffage ou de refroidissement. « Un prérinçage, suivi d’un remplissage avec de l’eau déminéralisée et le déploiement du régulateur électrochimique, assure une protection optimale », précise-t-il.

Cependant, HVAC Europe intervient aussi sur des installations existantes, souvent en réaction à un problème déjà manifeste comme une perte de rendement, un bouchage ou une corrosion avancée. Dans ces situations, le désembouage préalable est une étape essentielle avant l’installation du régulateur.

Le bénéfice principal de cette approche est qu’elle permet de réduire significativement la maintenance et les coûts d’exploitation. La boue formée par la corrosion entraîne une perte de performance énergétique pouvant atteindre 3 %.

Une gestion de l’eau plus responsable

Au-delà des performances techniques, cette solution s’inscrit dans une démarche environnementale. L’utilisation de produits chimiques dans les circuits fermés entraîne des rejets nocifs dans les réseaux d’assainissement. À chaque vidange, ces substances doivent être traitées, ce qui rend le processus complexe. « Aquabion et HVAC Europe sont deux procédés différents, mais ils suivent une ligne commune qui est d’éviter les rejets chimiques inutiles dans les égouts, d’autant plus que les traitements chimiques n’agissent qu’en tant qu’inhibiteurs de corrosion, ce qui signifie que la corrosion va toujours revenir et que le réseau, à terme, va toujours se dégrader davantage », souligne Cyrille Gerhardt.

Des solutions déjà adoptées par de grands acteurs

À Francfort, le bâtiment de la Commerzbank a récemment été équipé d’un système HVAC Europe sur une installation de 11 MW, un chantier exemplaire en matière d’optimisation énergétique. D’autres projets sont en cours, notamment auprès de collectivités et de data centers, où la stabilité des circuits de refroidissement est un enjeu majeur.

Au Luxembourg, des installateurs de renom tels que Paul Wagner & Fils ou Buffadini intègrent déjà ces dispositifs dans les produits qu’ils proposent à leurs clients, leur motivation étant de leur offrir une solution durable et non de maintenir le problème en place.

« Nos solutions s’adressent à tout type de bâtiments ayant des puissances allant de 25 kW jusqu’à 12 MW », précise-t-il.

Éviter le cycle incessant de la maintenance curative

AQUABION® et HVAC Europe affichent des coûts d’installation similaires à ceux des adoucisseurs, pots à boues et dégazeurs traditionnels, mais avec des avantages en termes de durabilité et d’entretien : « La maintenance se limite à un changement d’anode magnésium tous les deux ans et un nettoyage du barreau magnétique selon les besoins pour HVAC Europe », indique-t-il. En ce qui concerne l’AQUABION®, celui-ci ne nécessite aucun entretien et aucune maintenance pendant la durée de vie de minimum 5 ans.

Une réponse aux enjeux et aux exigences réglementaires de demain

Avec les obligations de reporting de durabilité et la taxonomie qui sont mises en place, les entreprises doivent justifier d’une empreinte carbone maîtrisée. Le traitement galvanique de l’eau potable et l’optimisation de la gestion de l’eau dans les circuits fermés s’inscrivent tous deux dans cette dynamique. En réduisant l’usage de produits chimiques, en diminuant les interventions et en améliorant le rendement énergétique, Aquabion et HVAC Europe répondent aux attentes des industriels et des collectivités soucieux de leur impact écologique.

Mélanie Trélat
Article tiré de Neomag #69 - mars 2025

Optimiser les performances des installations hydrauliques
Optimiser les performances des installations hydrauliques

Spécialiste en hygiène de l’air et de l’eau, Novalair Luxembourg propose des solutions complètes et durables pour optimiser la qualité et la performance des réseaux d’eau industriels et de bâtiments accueillant du public, avec un objectif clair : prévenir les problématiques plutôt que les traiter.

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Rencontre avec Émeline Canu, Business Developer et Tony Russo, administrateur délégué chez Novalair Luxembourg.

L’entretien régulier des réseaux, une mesure essentielle

Bien entretenir les réseaux et installations hydrauliques est primordial, et ce à plusieurs titres. Tout d’abord pour des raisons sanitaires : une maintenance régulière garantit une qualité d’eau optimale aux utilisateurs et limite notamment la prolifération de bactéries dangereuses comme les légionelles, généralement présentes dans les milieux humides et qui peuvent être à l’origine d’infections respiratoires.

Ensuite, l’accumulation de dépôts minéraux et de biofilms réduisant l’efficacité des échanges thermiques, un traitement préventif permet d’optimiser la performance énergétique des installations sanitaires, donc d’améliorer le confort des occupants, mais aussi de faire baisser les coûts d’exploitation. « Il faut savoir qu’une couche de seulement un millimètre de tartre, ce qui est infime, augmente la consommation d’énergie de 10 %, 2 mm de 20 %, et ainsi de suite », précise Tony Russo, administrateur délégué chez Novalair Luxembourg.

De plus, des équipements propres et fonctionnels tombent moins souvent en panne, limitant ainsi les interruptions d’activités pour des réparations, et ils ont une durée de vie prolongée.
L’entretien des installations hydrauliques est aussi une question de conformité réglementaire, notamment en matière de prévention des risques sanitaires, ce qui permet aux entreprises d’éviter des sanctions potentielles.

L’enjeu est également d’ordre environnemental. Le recours à des protocoles de nettoyage non-chimiques contribue à réduire l’impact écologique des installations, et la réutilisation de l’eau de pluie ou le recyclage des eaux grises permettent de limiter l’utilisation inutile d’eau potable.

Surconsommation électrique d'un chauffe-eau due au calcaire
Surconsommation électrique d’un chauffe-eau due au calcaire

Une approche préventive plutôt que curative

Agir de manière préventive plutôt que curative est la stratégie adoptée par Novalair Luxembourg. Au-delà des actions curatives de nettoyage ou de désinfection, la société prône une approche globale et proactive qui consiste à identifier les problèmes (par exemple, l’accumulation de dépôts minéraux, l’apparition de biofilms bactériens ou encore les inefficacités thermiques, etc.) et à intervenir sur leurs causes profondes de manière à prévenir leur récurrence. « Nous ne voulons pas intervenir en tant que pompiers, mais apporter un réel accompagnement à nos clients. Bien sûr, s’ils sont face à un problème, nous mettons tout en œuvre pour le régler dans l’immédiat : nous nettoyons les réseaux bouchés ou encrassés et nous traitons les installations polluées bactériologiquement. Mais ensuite, nous regardons ce qu’il est possible de mettre en place pour limiter les risques que ce problème se répète », indique Émeline Canu, Business Developer.

Pour ce faire, Novalair associe audit technique, maintenance régulière et sensibilisation de ses clients, à travers des conseils sur mesure ou des recommandations de bonnes pratiques. « Par exemple, lors d’une intervention récente dans une crèche, nous avons observé que le chauffe-eau n’était pas réglé à la température adéquate, qui est de minimum 55 °C. Cela peut sembler anecdotique, pourtant c’est ce qui permet de prévenir les risques de légionellose. Nous en avons informé nos clients afin qu’ils puissent remédier au problème. Cela fait aussi partie des services que nous leur rendons », raconte Tony Russo.

Vue thermique d'un radiateur
Vue thermique d’un radiateur

Des interventions ciblées

Que ce soit sur les réseaux hydrauliques de bâtiments recevant du public (crèches, hôtels, centres commerciaux, résidences…) ou sur des tours de refroidissement industrielles, Novalair se concentre sur la prévention des risques sanitaires, l’amélioration des performances énergétiques des équipements, la réduction des coûts énergétiques et la conformité réglementaire.

Elle le fait à travers des audits et analyses méthodiques de risques (AMR) conformes aux prérequis luxembourgeois, de la maintenance préventive pour garantir un fonctionnement optimal et des nettoyages, désinfections et/ou désembouages avec des protocoles adaptés à chaque type de dépôt ou de particules présents et à chaque type d’installation.

L’utilisation de substances chimiques dans le cadre de ces interventions est soigneusement contrôlée, elle se fait uniquement là où c’est nécessaire et de manière réfléchie. « En tant que chimistes, nous connaissons bien les différents effets des biocides et nous ne nous en servons jamais de manière excessive. Lorsqu’un traitement chimique est nécessaire pour éradiquer une pollution ou traiter une contamination spécifiques, nous adaptons les protocoles à la conception et aux matériaux de l’installation pour en préserver l’intégrité. Cela permet d’éviter des réactions indésirables, comme l’endommagement de joints ou de métaux sensibles », explique Tony Russo. « Dans tous les cas, nous privilégions des méthodes alternatives chaque fois que cela est possible, pour résoudre les problèmes sans en créer de nouveaux », ajoute Émeline Canu.

Pour accompagner ses clients vers une gestion plus durable et économique des ressources en eau, Novalair Luxembourg envisage de proposer de nouveaux services en complément des prestations existantes : « Nous avons pour projet cette année d’apporter notre expertise sur l’utilisation des eaux pluviales et des eaux grises recyclées pour alimenter certaines installations, afin d’économiser la ressource. Nous avons déjà accompagné des clients industriels sur une gestion plus responsable de l’eau », conclut Tony Russo.

Mélanie Trélat
Article tiré de Neomag #69 - mars 2025

Quelles précautions pour les appareils sanitaires économiseurs d'eau ?
Quelles précautions pour les appareils sanitaires économiseurs d’eau ?

Nos réserves d’eau sont de plus en plus menacées, notamment par des périodes de sécheresse fréquentes et par l’augmentation de la densité de population. Afin de remédier à cette situation, les mesures de réduction de la consommation d’eau, telles que l’installation de dispositifs sanitaires économiseurs d’eau, sont vivement encouragées.

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Toilettes munies d’une chasse d’eau à volume réduit

L’université de São Paulo au Brésil a récemment mené une étude consacrée à l’efficacité des toilettes à faible consommation d’eau et à leur impact sur l’installation d’évacuation des eaux usées. Dans un premier temps, vingt toilettes différentes ont été testées en laboratoire afin de déterminer si elles répondaient aux exigences normatives. Certaines chasses d’eau avaient un volume de 4,8 litres tandis que d’autres avaient un volume initial de 6,8 litres réduit à 4,8 litres. Ces essais montrent que, sur les vingt toilettes testées, seules cinq répondaient à l’ensemble des exigences ; ces cinq toilettes étaient conçues pour une chasse d’eau d’un volume de 4,8 litres.

Dans un second temps, les toilettes munies d’une chasse d’eau de 6,8 litres ont été remplacées par des modèles de 4,8 litres dans dix maisons voisines (soit deux modèles de chacune des cinq toilettes qui avaient réussi le test en laboratoire), sans adaptation de l’installation d’évacuation. La consommation d’eau a été surveillée avant et après le remplacement des toilettes et les canalisations ont été équipées de caméras en aval. Bien que les occupants ne se soient pas plaint, leurs économies d’eau semblaient quasi nulles, et ce même avec les toilettes validées par le test. Un sérieux problème d’obstruction aurait par ailleurs été constaté dans la conduite d’égout en raison du volume réduit des chasses d’eau.

Les résultats de cette étude confirment les conclusions des études précédentes : d’une part, réduire le volume d’eau du réservoir de la chasse d’eau ne permet généralement pas d’économiser de l’eau ; d’autre part, remplacer d’anciennes toilettes par des modèles plus économiques doit se faire en tenant compte du diamètre et de la pente des canalisations en aval.
À titre d’exemple, considérons une toilette d’un volume de 9 litres raccordée à une conduite d’évacuation en matière synthétique d’un diamètre nominal de 100 mm avec une pente de 1 %, ce qui représente en soi une solution satisfaisante. Toutefois, si cette toilette est remplacée par un modèle avec un volume d’à peine 4,5 litres, le diamètre nominal de la conduite d’évacuation ne devrait pas être supérieur à 80 mm. En effet, avec une chasse d’eau à volume réduit, un diamètre plus important entraînerait une diminution de la vitesse moyenne de l’eau dans la canalisation ainsi qu’un risque plus élevé d’obstruction. Dans une construction neuve, pour que l’évacuation d’une toilette de ce type soit efficace, celle-ci devrait être raccordée à une conduite d’un diamètre nominal de 80 mm avec une pente de 1,5 à 2 cm/m.

Illustration de l'effet d'un produit d'entretien adéquat sur le dépôt d'urine visible dans la conduite d'évacuation transparente d'une rangée d'urinoirs sans eau à la gare de Bruxelles-Nord, et ce avant, pendant et après l'utilisation du produit d'entretien.
Illustration de l’effet d’un produit d’entretien adéquat sur le dépôt d’urine visible dans la conduite d’évacuation transparente d’une rangée d’urinoirs sans eau à la gare de Bruxelles-Nord, et ce avant, pendant et après l’utilisation du produit d’entretien.

Urinoirs sans eau

Les urinoirs sans eau constituent un autre exemple de dispositif permettant d’économiser de l’eau, alors que leur application semblait problématique dans le passé en raison des bouchons qu’ils engendraient. Les urinoirs de ce type sont dotés d’un coupe-air ne nécessitant pas de rinçage.

Une enquête de grande ampleur menée en 2014 auprès des fabricants et des propriétaires de bâtiments a également révélé que l’amélioration des coupe-air et des produits d’entretien par les fabricants, d’une part, et les nombreuses années d’expérience des propriétaires, d’autre part, ont contribué au succès de l’installation des urinoirs sans eau dans divers bâtiments (cinémas, aéroports, restaurants, …).

Même si ces appareils ont permis de réaliser d’importantes économies d’eau, il est à souligner qu’ils doivent être installés en tenant compte non seulement de la conception des conduites d’évacuation, mais également des directives du fabricant quant à leur utilisation et leur entretien. Une formation spécifique du personnel d’entretien est dès lors requise.

L. Vos, ir.-arch., chercheur, laboratoire Techniques de l’eau, Buildwise
Article tiré de Neomag #69 - mars 2025

Utilisation rationnelle de l'eau : attention à la pression !
Utilisation rationnelle de l’eau : attention à la pression !

Outre l’utilisation d’appareils économes et la détection des fuites, l’optimisation de la pression dans les installations sanitaires est un moyen efficace de réduire la consommation d’eau. Une gestion optimale de la pression permet d’économiser 20 à 30 % de la consommation totale.

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Des appareils économes

Lorsqu’il est question d’utilisation rationnelle de l’eau, le recours à des appareils économes nous vient bien souvent directement à l’esprit. Dans les pays confrontés à des problèmes de sécheresse depuis longtemps déjà, différents labels nationaux ont été créés pour faciliter la sélection et la prescription de ces dispositifs.

Le label Unified Water a récemment été développé dans le but de disposer d’un étiquetage unique pour toute l’Europe. Sur le site Internet europeanwaterlabel.eu, vous retrouvez pour chaque appareil sanitaire disponible en Belgique (robinet, baignoire, douche, …) une étiquette uniformisée stipulant leur classe de consommation, leur consommation d’eau et d’énergie et des caractéristiques spécifiques leur permettant de garantir une utilisation économe.

La nouvelle norme ISO 31600:2022 « Programmes d’étiquetage pour une utilisation rationnelle de l’eau. Exigences et recommandations pour la mise en œuvre » contribuera à l’harmonisation des labels, y compris en dehors de l’Europe.

Différences de pression dans une installation avec réduction de la pression jusqu'à 5 bar au droit du raccordement au bâtiment, sans autre zone de pression.
Différences de pression dans une installation avec réduction de la pression jusqu’à 5 bar au droit du raccordement au bâtiment, sans autre zone de pression.

Détection des fuites

Les appareils de détection des fuites aident à repérer plus rapidement les fuites éventuelles. Ils suivent la consommation d’eau dans les bâtiments et déclenchent une alarme en cas de fuite (si l’eau continue de s’écouler du réservoir d’une toilette ou si le groupe de sécurité d’une chaudière n’est plus suffisamment étanche, car trop entartré, par exemple). Certains dispositifs peuvent également couper l’arrivée d’eau, afin de minimiser les éventuels dégâts dus aux eaux.

Depuis quelque temps, les fournisseurs d’eau installent de plus en plus de compteurs d’eau intelligents. La fonction principale de ces compteurs est d’effectuer les relevés à distance, mais il se peut qu’à l’avenir les fournisseurs les utilisent aussi pour proposer à leurs clients un service de détection des fuites.

Différences de pression dans une installation avec réduction de la pression jusqu'à 5 bar au droit du raccordement au bâtiment, avec deux zones de pression.
Différences de pression dans une installation avec réduction de la pression jusqu’à 5 bar au droit du raccordement au bâtiment, avec deux zones de pression.

Contrôle de la pression et zones de pression

Un aspect moins connu de l’utilisation rationnelle de l’eau est l’optimisation de la pression dans les installations sanitaires. Or, cette optimisation s’avère particulièrement importante pour les bâtiments élevés disposant d’un groupe de surpression.

La figure 1 indique la consommation d’eau d’un robinet ouvert pendant cinq minutes pour différents niveaux de pression. Le robinet est conçu pour fonctionner de manière optimale à une pression initiale de 1,5 bar. Lorsque la pression est plus élevée, on observe une surconsommation. Ainsi, avec une pression de 4,5 bar, on consommera 45 litres de plus qu’avec une pression de 1,5 bar.

Outre cette surconsommation, une pression plus élevée entraîne une certaine perte de confort due aux éclaboussures.

Lorsque l’on considère la consommation d’eau au niveau du bâtiment, on constate que les choix de conception ont un impact important sur la pression dans l’installation :
• Situation 1 : installation avec réduction de la pression jusqu’à 5 bar au droit du raccordement au bâtiment, sans autre zone de pression (voir figure 2).
• Situation 2 : installation avec réduction de la pression jusqu’à 5 bar au droit du raccordement au bâtiment, avec deux zones de pression. La pression de l’eau est d’abord réduite à 5 bar avant la distribution aux étages les plus élevés. Elle est ensuite ramenée à 3,2 bar pour les appartements situés aux étages inférieurs (voir figure 3).
• Situation 3 : installation munie d’un réducteur de pression à chaque étage (voir figure 4).

Différences de pression dans une installation munie d'un régulateur de pression à chaque étage.
Différences de pression dans une installation munie d’un régulateur de pression à chaque étage.

Une gestion optimale de la pression, telle que représentée par la situation 3, permet d’économiser 20 à 30 % d’eau par rapport à la situation 1, correspondant à l’absence de gestion de la pression.

B. Bleys, Buildwise
Article tiré de Neomag #69 - mars 2025

Le polyvalent peut faire encore plus
Le polyvalent peut faire encore plus

Le nouvel élément Geberit Duofix convainc grâce à des améliorations de produits jusque dans les moindres détails. Une plus grande flexibilité, une manipulation plus simple et un système hydraulique optimisé rendent le cadre bleu, éprouvé des millions de fois, encore meilleur.

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Plus léger, plus flexible, plus pratique et toujours absolument fiable : le nouvel élément Geberit Duofix

En 2025, Geberit lancera sur le marché une version révisée de l’élément Duofix. De nouvelles possibilités de fixation, un montage simplifié et un système hydraulique amélioré caractérisent ce perfectionnement. « Le nouvel élément Duofix simplifie grandement la vie des professionnels du sanitaire », affirme Patrick Schintgen, Sales Manager chez Geberit BV Luxembourg.

Pour presque toutes les situations d’installation

Jusqu’à présent, l’élément Duofix aidait déjà les installateurs à rester flexibles sur les chantiers, notamment dans les situations de construction imprévues. Le nouvel élément Duofix leur offre désormais encore plus de possibilités de s’adapter à différentes situations. Il s’agit par exemple de glissières intégrées pour un montage latéral sur un support ou de positions de fixation alternatives pour les ancrages muraux. En outre, l’élément Duofix est désormais conçu pour des structures de plancher allant jusqu’à 25 cm.

Plus de flexibilité : le nouvel élément Duofix offre encore plus de possibilités pour s'adapter aux différentes conditions sur le chantier.
Plus de flexibilité : le nouvel élément Duofix offre encore plus de possibilités pour s’adapter aux différentes conditions sur le chantier.

Manipulation facile

Pour simplifier les étapes de travail nécessaires lors de l’installation, Geberit a pris des mesures. Le nouvel élément Duofix est équipé d’un collier de serrage réglable permettant un montage sans tension du coude de raccordement. En plus du mètre-étalon existant, il comporte également deux repères supplémentaires qui facilitent les mesures nécessaires pendant l’installation.

Système hydraulique optimisé

Geberit a également concentré ses efforts sur l’optimisation de l’hydraulique. Dans le réservoir de chasse, la soupape de rinçage type 212 et la nouvelle soupape de remplissage type 383 fonctionnent en parfaite harmonie pour assurer un écoulement d’eau efficace et silencieux. La soupape de rinçage permet d’adapter de manière optimale la quantité d’eau et la vitesse aux différentes cuvettes. La nouvelle soupape de remplissage assure un remplissage régulier et rapide, et ce avec un minimum de bruit.

Moins de matériaux : le nouvel élément Geberit Duofix génère environ 10 % d'émissions de CO2 de moins que son prédécesseur.
Moins de matériaux : le nouvel élément Geberit Duofix génère environ 10 % d’émissions de CO2 de moins que son prédécesseur.

Réduction des émissions de CO2

Le nouvel élément Duofix pèse environ un kilogramme de moins que son prédécesseur, ce qui allège littéralement le travail de l’installateur et est également synonyme d’économie de matériaux. « Notre objectif était de développer un produit aussi peu gourmand en ressources que possible, tout en offrant de nombreuses fonctionnalités supplémentaires », explique Patrick Schintgen. Grâce aux économies de matériaux, à l’utilisation d’électricité renouvelable dans la fabrication et à l’emploi de plastique recyclé au lieu de matériaux neufs, chaque nouvel élément Duofix pour WC suspendus génère 10 % d’émissions de CO2 de moins que son prédécesseur.

Avec ses nombreuses améliorations de produit jusque dans les moindres détails, le nouvel élément Duofix est l’expression du partenariat étroit entre Geberit et les installateurs sanitaires. Parfaitement adapté aux besoins des professionnels du sanitaire, il offre plus de flexibilité, est plus facile à monter et la chasse d’eau encastrée est équipée de soupapes de dernière génération.

Article tiré de Neomag #69 - mars 2025


Pour plus de renseignements, contactez Geberit BV Luxembourg, tel : +352 54 52 26

Des solutions expertes pour la gestion de l'eau avec General Technic
Des solutions expertes pour la gestion de l’eau avec General Technic

L’eau est une ressource précieuse qui doit être préservée. Un des moyens d’y parvenir est de réduire les quantités d’eau prélevées dans l’environnement et d’améliorer sa distribution et son utilisation dans les techniques du bâtiment.

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Interview de Tom Kieffer, associé-gérant de General Technic Luxembourg.

Pourquoi la sélection des pompes et des systèmes de pompage est-elle essentielle ? Et comment accompagnez-vous vos clients dans cette démarche ?

Parce que la fiabilité et l’efficacité des installations reposent sur un choix optimal des équipements. Pour guider nos clients dans leur décision, nous les conseillons en tenant compte des caractéristiques des fluides à pomper et des conditions d’exploitation, qu’il s’agisse de drainage, d’approvisionnement, d’extinction incendie ou encore de récupération d’eau de pluie.

À quels types de bâtiments vos solutions bénéficient-elles ?

Nos pompes et systèmes de raccordement s’adressent à une large gamme de bâtiments : bureaux, hôpitaux, centres commerciaux, écoles, hôtels, aéroports ou encore stades sportifs. L’objectif est d’assurer une alimentation et une évacuation optimales de l’eau, tout en garantissant un climat ambiant maîtrisé.

Comment garantissez-vous la fiabilité des installations sur le long terme ?

Nos ingénieurs et techniciens réalisent une analyse approfondie de chaque projet afin d’optimiser la durabilité des équipements. Pour pouvoir fournir une assistance technique complète à nos clients, de la sélection des pompes à leur maintenance, nous nous appuyons sur le partenariat que nous avons noué il y a 50 ans avec WILO, qui est le leader mondial des technologies de pompage et offre des solutions innovantes et durables en matière de gestion de l’eau et d’efficacité énergétique.

Comment réduire la consommation d’eau dans les bâtiments ?

Chez GT, nous travaillons sur trois piliers essentiels : des appareils sanitaires économes avec un calcul précis des débits et des volumes adaptés aux besoins, le monitoring et la détection des fuites pour corriger rapidement les pertes d’eau, et enfin l’intégration de sources alternatives, comme les eaux grises et les eaux pluviales traitées, pour des usages comme l’arrosage ou le rinçage des toilettes, par exemple.

Comment garantissez-vous un équilibre optimal entre efficacité et longévité des équipements ?

Grâce à WILO, nous proposons des pompes dotées de moteurs à haut rendement et de revêtements spéciaux qui permettent de limiter les pertes d’énergie, l’érosion et la corrosion.

Pourquoi une approche globale est-elle essentielle dans le cadre d’une gestion intelligente de l’eau et de l’énergie dans les bâtiments ?

La gestion de l’eau ne se résume pas à l’installation de pompes. Elle doit prendre en compte l’ensemble des coûts du cycle de vie des équipements : l’achat, la maintenance, la consommation énergétique, jusqu’à l’impact des arrêts éventuels. Une planification optimisée permet de réduire les coûts tout en améliorant la fiabilité des systèmes.

Comment l’automatisation contribue-t-elle à cette optimisation ?

L’intégration de protocoles de communication comme Modbus ou Bacnet permet une gestion centralisée et intelligente des installations. Avec le module Smart qui permet la commande et le paramétrage à distance des équipements, l’hydraulique des systèmes en place est optimisée, réduisant les besoins en entretien et améliorant leur durabilité, y compris dans des environnements exigeants comme les parkings souterrains ou les réseaux d’eaux usées.

Qu’en est-il de la gestion des eaux sur les chantiers ?

La consommation d’eau sur un chantier, le stockage des eaux usées et leur réutilisation nécessitent des solutions adaptées. Nous proposons des systèmes de drainage, de filtration et de pompage garantissant une gestion efficace des eaux, depuis leur séparation jusqu’à leur recyclage lorsque cela est possible. Le choix de la bonne pompe pour chaque application est essentiel pour assurer la continuité opérationnelle.

Vous vous positionnez comme un partenaire de vos clients dans leur transition énergétique, plus que comme un distributeur. Quel est votre engagement auprès des professionnels du secteur ?

Notre mission est d’assister nos clients – installateurs et bureaux d’études – dans la transition énergétique et technique. En combinant notre expertise locale avec les ressources globales du groupe, nous sommes en mesure de leur proposer des solutions sur mesure et un accompagnement sur site. Cette approche intégrée leur permet de relever les défis techniques tout en optimisant les coûts et les performances.

Article tiré de Neomag #69 - mars 2025

Maîtrise des risques et prévention : les assurances face aux défis de l'eau
Maîtrise des risques et prévention : les assurances face aux défis de l’eau

L’eau constitue une ressource précieuse. Néanmoins lorsqu’il s’agit d’assurances, elle est d’abord une source de risques majeurs. Inondations, dégâts des eaux ou gel des canalisations : les sinistres liés à l’eau sont parmi les plus fréquents et les plus coûteux dans le domaine des assurances.

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Article de Julie Berezecki, Account Manager chez Allia Insurance Brokers Luxembourg

Face à ces aléas dans la construction et l’immobilier, nous jouons en tant que courtier, un rôle indispensable en aidant nos clients à protéger leurs biens et en les accompagnant dans la prévention et la réparation des dommages. Dans le contexte crucial de la durabilité, la préservation de l’eau via sa gestion est également un enjeu d’un point de vue assurantiel.

Les bâtiments sont particulièrement exposés à divers risques liés à l’eau. Les infiltrations, les ruptures de canalisations et les inondations constituent une menace constante, qui pèsent des millions d’euros dans les indemnisations versées par les assureurs (même des milliards d’un point de vue européen). En tant que courtier spécialisé dans les assurances de la construction, nous nous efforçons de vérifier que les entreprises de construction, les architectes, les ingénieurs, intègrent dès la conception des solutions d’étanchéité et de drainage adaptées. Une collaboration étroite avec nos clients nous permet d’identifier et d’évaluer ces risques pour mieux protéger les projets et les investissements. Chez AlliA, nous avons des ingénieurs spécialisés qui travaillent en équipe avec les souscripteurs pour permettre de proposer des solutions d’assurance sur mesure. Il faut pouvoir protéger nos clients des dommages directs, mais aussi des pertes d’exploitation qu’ils pourraient subir suite à ces aléas.

Avec la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, le volume des constructions des dernières années, et la volonté actuelle de rénover le parc immobilier luxembourgeois, les stratégies de prévention et de récupération des eaux deviennent incontournables. Les acteurs de la construction doivent intégrer des solutions innovantes, comme l’utilisation de technologies numériques qui permet de prévoir et de gérer les risques de crues, tout en optimisant la rétention et la réutilisation des eaux. Ces technologies aident à surveiller les niveaux d’eau et à gérer les infrastructures de manière plus efficace. Du côté des compagnies, des tarifs préférentiels peuvent être accordés lorsque les dispositifs efficaces de protection à l’eau sont présents dans les bâtiments. Ensemble, ces initiatives favorisent une gestion responsable et durable de l’eau, tout en limitant les risques financiers associés.

L’eau est à la fois un atout et un risque pour le secteur de l’immobilier. En évaluant les risques et en intégrant des pratiques de prévention, nous pouvons proposer des couvertures d’assurance adaptées pour préserver les bâtiments, les investissements et la sérénité des propriétaires.

Article tiré de Neomag #69 - mars 2025

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