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Immeuble Kö-Bogen II, Düsseldorf, Allemagne, par Ingenhoven Associates

Immeuble Kö-Bogen II, Düsseldorf, Allemagne, par Ingenhoven Associates

Ingenhoven Associates, fondé en 1985 par Christoph Ingenhoven, est un pionnier international de l’architecture durable ; l’agence développe des projets de toutes tailles et typologies à travers l’ensemble de la planète, conformément aux certifications telles que LEED®, Green Star®, BREEAM®, DGNB® ou CASBEE®.

Contexte urbain

Longtemps orienté vers le tout à la circulation automobile, affublé d’autoroutes urbaines, le centre de Düsseldorf poursuit sa mutation vers des espaces pensés et réaménagés pour l’homme, notamment sous l’impulsion de Christoph Ingenhoven. Trois architectures emblématiques s’y côtoient aujourd’hui : le modernisme d’après-guerre du Dreischeibenhaus (Helmut Hentrich & Hubert Petschnigg - 1960) et du théâtre Schauspielhaus (Bernhard Pfau – 1970) et le projet qui nous occupe, le Kö-Bogen II. Le bâtiment trapézoïdal principal de cinq étages - aux façades inclinées - et son corollaire triangulaire, mixant commerces, loisirs et bureaux sur près de 42 000 m2, accueille les piétons vers la Gustaf-Gründgens-Platz.

Les façades qui font face à la place et au jardin public, y compris le toit, sont verdurisées à l’aide de haies de charme, sur une longueur impressionnante de huit kilomètres !

La plus grande façade végétalisée d’Europe

D’une hauteur de 27 mètres et d’une longueur de 120 mètres, la façade du bâtiment principal le long de la Schadowstrasse - l’une des rues commerçantes les plus fréquentées d’Allemagne - est entièrement vitrée. Des lamelles de métal déployé structurent l’intérieur, dont la transparence varie entre fermeture et ouverture selon la perspective. Les autres façades qui font face à la place et au jardin public (Hofgarten), y compris le toit, sont verdurisées à l’aide de haies de charme, sur une longueur impressionnante de huit kilomètres !

Christoph Ingenhoven : « L’intégration d’une végétation différente de « plantes de balcon » conventionnelles dans une conception architecturale requiert une approche phytotechnologique poussée, basée sur une analyse précise du site » et « Les haies de charmes sont courantes à Düsseldorf » nous explique l’architecte. Le charme a été choisi comme essence caduque indigène, les variétés sélectionnées étant marcescentes (conservant leurs feuilles durant l’hiver). Au printemps, les haies brillent de leur feuillage vert clair et frais, devenant vert foncé en été, puis brun doré durant l’automne. Cette verdure améliore le microclimat de la ville, protégeant des rayons du soleil en été et réduisant la chaleur urbaine, fixant le dioxyde de carbone, stockant l’humidité, absorbant le bruit et favorisant la biodiversité. D’après les recherches menées par l’agence d’architecture, la compensation écologique de l’installation des haies de charmes équivaut à celle d’environ 80 arbres à feuilles caduques adultes.

Pour le projet de Düsseldorf, un plan phytotechnologique détaillé a été élaboré en collaboration avec le botaniste Prof. Dr Strauch de l’Université des sciences appliquées de Beuth à Berlin, et testé dans une installation d’essai. Sur la base d’une analyse précise du site, des exigences structurelles ont été définies, telles que la taille et le type de jardinières nécessaires pour les haies de 1,3 mètre de haut. Un concept pour l’approvisionnement en eau et en nutriments ainsi que l’entretien des plantes, y compris la taille régulière effectuée deux à trois fois par an, a également été élaboré. Alors que les arbustes sur le toit poussent dans des plates-bandes conventionnelles, ceux qui se trouvent sur les façades nord et ouest poussent dans des conteneurs spécifiques disposés horizontalement, sur une structure de support indépendante solidement reliée à la façade. D’un point de vue phytosanitaire, les charmilles sont peu sensibles aux parasites, et dans la pratique, elles résistent à de fortes vitesses de vent.

Les plantes ont été fournies par une pépinière où elles poussaient depuis 2016, de sorte qu’elles puissent être livrées sur le chantier durant l’automne 2019 avec des racines complètement développées. Bien que la fourniture de la quantité requise de haies ait été un défi, les architectes ont constaté qu’il était tout aussi difficile de convaincre les habitants que le bâtiment ressemblerait à ce qu’il avait imaginé : « les élever, les sélectionner, les entretenir, les arroser, les tailler, garantir leur performance pendant 99 ans et surmonter le doute du public selon lequel le projet ne ressemblerait jamais à nos dessins furent les principaux défis » exprime l’architecte.

Textes et photographies : Ingenhoven associates / HGEsch
Traduction, adaptations et ajouts : Régis Bigot, Innovation Project Manager – Neobuild GIE

Extrait de Neomag #58

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Publié le vendredi 9 août 2024
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