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Micro-forêt, la méthode Miyawaki revisitée au Luxembourg

Micro-forêt, la méthode Miyawaki revisitée au Luxembourg

Dans une prairie largement ensoleillée intégrant un bassin de récupération des eaux pluviales située à l’arrière de son bâtiment, l’entreprise Streff a déployé une micro-forêt de près de 1000 m2, un projet réalisé par Vereal par l’entremise du CDEC.

Rencontre avec Stefan Chorus, associate managing director de Streff, Chris Fasbender, architecte chez Vereal, et Camille Hermans, bioingénieure et sustainability and circular economy project manager au CDEC.

Le point de départ de ce projet est la conscience écologique de Stefan Chorus, qui incarne la 4e génération à la tête de Streff et souhaite contribuer concrètement à la biodiversité et à la durabilité de notre planète : « Je suis convaincu qu’on peut faire beaucoup individuellement : si chacun plante un arbre tous les ans, le bénéfice collectif sera immense. Vous savez quel est le meilleur moment pour planter un arbre ? C’était il y a 20 ans ! Si on ne l’a pas fait à ce moment-là, c’est aujourd’hui qu’il faut le faire ». C’est dans cet esprit qu’il s’est engagé dans un projet écoresponsable, d’abord en créant un bassin de rétention des eaux de pluie et un espace vert à l’arrière de son bâtiment, puis en y installant quelques ruches et, enfin, en plantant une micro-forêt.

Qu’est-ce qu’une micro-forêt ? Chris Fasbender, architecte chez Vereal qui a réalisé le projet pour Monsieur Streff, explique : « La méthode pour créer une micro-forêt a été développée dans les années 70 par un botaniste japonais : Akira Miyawaki, mais elle a été pensée pour un climat très différent du nôtre, donc je m’écarte toujours un peu du dogme pour adapter mes projets à leur environnement ».

Créer une micro-forêt, c’est apporter de la biodiversité, quel que soit le nombre de m2 : « On s’inspire de ce qui se passe dans la nature, où les glands du chêne tombent et germent sans se préoccuper de garder une distance de 4 ou 6 m avec leurs voisins. On plante donc très densément - 3 ou 4 très jeunes plants par m2, 1 500 à 1 600 végétaux sur ce site – et on laisse la sélection naturelle opérer. Un point important est de bien couvrir le sol en attendant qu’une couverture naturelle se crée avec le développement de différentes strates de végétaux. Dans ce projet, nous l’avons fait avec des copeaux de bois. Une bonne couverture permet de maintenir l’humidité dans le sol et d’y favoriser la prolifération d’organismes vivants qui sont indispensables pour le régénérer, le nourrir et permettre aux végétaux de croître. Les insectes, les bactéries et les végétaux évoluent en symbiose ».

Les plantes indigènes ont été privilégiées « parce qu’elles sont assez solides pour grandir dans nos régions, ne menacent pas l’écosystème et apportent une grande biodiversité ». Pour les choisir, Chris Fasbender s’est basée sur des listes établies par des associations scientifiques. Dans cette micro-forêt revisitée, on trouve, entre autres, de la viorne (Viburnum Opulus), du cornouillet (Cornus Alba), du noisetier (Sambucus Nigra) ou encore de l’érable champêtre auxquels s’ajoutent, en lisière, des plants inspirés des forêts nourricières : des groseillers, des framboisiers, des petits pommiers et poiriers. Le mélange des espèces garantit la richesse du sol : chacune y prend et y apporte des éléments différents en fonction de ses besoins. La diversité des espèces végétales favorise également la résilience face aux changements environnementaux.

Les avantages d’une micro-forêt sont nombreux, comme le souligne Camille Hermans, bioingénieure et Sustainability and Circular Economy Project Manager au CDEC, qui a mis en relation les différents protagonistes de ce projet dans le cadre d’une des missions du CDEC qui consiste à guider les entreprises vers des solutions qui leur permettront de contribuer à la réduction de l’empreinte carbone globale : « Les arbres captent du CO2 via la photosynthèse, donc ils réduisent l’impact carbone. Au niveau des services écosystémiques, ils permettent de lutter contre les inondations car leur feuillage et leur branchage atténuent l’impact des fortes pluies et leur système racinaire assure une meilleure cohésion du sol, donc évite l’érosion. En réfléchissant les rayonnements solaires et en fournissant de l’ombre, ils régulent la température, et l’évapotranspiration rafraîchit l’air ambiant. De plus, de nombreuses études démontrent que la nature est favorable au bien-être ». « Lors d’un stage avec l’Université dans la Nature, dans le cadre du programme B-Corp, nous avons fait une excursion où nous avons « expérimenté » la forêt avec tous nos sens, et nous avons pu ressentir le bien-être réel qu’elle procure. Il est prouvé scientifiquement qu’être en contact avec la nature régule le stress et la tension artérielle », ajoute Stefan Chorus.

Mais, pour ressentir les bénéfices de cette micro-forêt, il faudra attendre encore un peu : plus ou moins 3 ans pour commencer à voir un effet « buissonnant » et quelques années de plus pour que la micro-forêt soit mature et apporte de l’ombre.

Mélanie Trélat

Extrait de Neomag #65


Légende photo : Stefan Chorus (Streff), Chris Fasbender (Vereal) et Camille Hermans (CDEC)

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Publié le vendredi 11 octobre 2024
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