BIM, IA et Smart Cities… Les alliés de la ville de demain !
Interview de Mehdi Halal, gérant et BIM Manager chez BIMConsult.
Malgré l’engouement croissant pour le Building Information Modeling (BIM) en Europe, le BIM au Luxembourg semble progresser à un rythme moins soutenu. Les interrogations fusent : pourquoi cette situation ? Quelles sont les raisons de cette apparente « stagnation » ? Pourtant, le BIM est bien plus qu’une simple tendance technologique. Il est un élément essentiel de la durabilité environnementale et l’intégration de l’Intelligence Artificielle (IA) dans le BIM ou au sein des smart cities ouvre la voie à un avenir où les concepts de durabilité, d’efficacité, de coûts et de gestion du temps sont encore optimisés.
Le BIM semble ne pas connaitre l’engouement espéré au Luxembourg. D’après vous, qu’elles en seraient les causes ?
Je dirais même qu’il stagne ! Bien que certains grands donneurs d’ordres l’aient pleinement adopté, d’autres restent réticents. Il est donc intéressant de se demander pourquoi ? À mon avis, plusieurs facteurs expliquent cette situation : certains estiment que le BIM est trop coûteux, d’autres ne voient tout simplement pas son utilité ou ne savent pas comment exploiter tout son potentiel... Certains se plaisent à dire que puisque le BIM n’est pas encore une obligation, pourquoi y consacrer du temps et de l’énergie à le mettre en place… Cependant, je considère que c’est une approche trop simpliste. Le BIM offre des avantages lors de toutes les phases d’un projet, et d’autant plus dans les phases d’exploitation et de maintenance du bâtiment.
Le coût ne joue-t-il pas également un rôle dans cette situation ?
Pour ceux qui s’inquiètent du coût, ma réponse est de regarder sur le long terme. Oui, le BIM représente un investissement financier, mais il est indéniable qu’il génère des bénéfices supérieurs à ses coûts. Et, lorsque je parle de bénéfices, je ne me limite pas à l’aspect financier. Nous traversons une période complexe, marquée par des crises géopolitiques, sanitaires, une inflation galopante, et le secteur de la construction au Luxembourg subit des perturbations importantes. Toutefois, il est essentiel de ne pas perdre de vue le changement climatique auquel nous sommes confrontés. La prise de conscience de l’importance de l’environnement est croissante, mais elle reste insuffisante compte-tenu des défis auxquels nous devons faire face, et il est indéniable à mes yeux que le BIM fait partie de la solution.
De quelle manière le BIM peut-il alors contribuer à faire face au défi du changement climatique ?
Le BIM se révèle être un atout précieux puisqu’il prend en compte l’ensemble du cycle de vie d’un bâtiment, de la conception à la démolition. Cela permet de planifier la déconstruction et le recyclage des matériaux en fin de vie, réduisant ainsi l’impact environnemental global. De plus, la gestion des données dans le domaine de la construction, notamment grâce au BIM, favorise des pratiques plus respectueuses de l’environnement, améliore le suivi de fonctionnement des bâtiments, en donnant lieu à un suivi plus rigoureux de la maintenance, de la régulation, tout ceci pour une réduction notable de la consommation d’énergie. En fin de compte, le BIM joue un rôle clé dans la création des smart cities.
Concrètement, quel est le rôle du BIM dans la création des villes intelligentes ?
Les smart cities mettent l’accent sur la durabilité environnementale. Elles utilisent la technologie et les données pour améliorer la qualité de vie de leurs habitants, optimiser la gestion des ressources, favoriser l’efficacité opérationnelle... Les données BIM, elles, sont utilisées pour évaluer la performance énergétique des bâtiments et des infrastructures, identifier des moyens d’améliorer l’efficacité énergétique, et intégrer des énergies renouvelables. Elles peuvent également être intégrées dans les plans de développement urbain pour optimiser la disposition des bâtiments, les systèmes de transport, les réseaux d’eau, d’énergie et de télécommunications, ce qui contribue à une planification plus intelligente et plus durable. Elles contribuent donc significativement à la création de smart cities. L’intelligence artificielle est, elle aussi, et tout autant, un élément clé des smart cities, car elle donne la possibilité d’analyser et d’interpréter les vastes quantités de données générées dans un environnement urbain intelligent. Les smart cities, l’intelligence artificielle et le BIM sont clairement trois concepts interconnectés qui convergent pour façonner l’avenir des environnements urbains et de la construction.
Dans quelles mesures l’IA va-t-elle soutenir le BIM dans les défis de demain ?
L’IA, de plus en plus étroitement intégrée aux processus BIM, permet d’automatiser des tâches répétitives, d’effectuer des analyses complexes des modèles BIM, de repérer les erreurs de conception et d’apporter une contribution précieuse à la planification de la construction. Cette symbiose renforce la précision, l’efficacité et la pertinence des données générées par les modèles. La combinaison IA / BIM ouvre de nouvelles perspectives, offrant d’exceptionnelles opportunités d’efficacité pour les professionnels de la construction. L’arrivée de l’IA, souvent appréhendée, peut en réalité être bénéfique aux utilisateurs du BIM. Elle devrait être perçue comme un précieux outil d’accompagnement, facilitant l’adoption de la maquette numérique, particulièrement pour ceux qui ne sont pas familiers avec cette technologie. En somme, le BIM, les smart cities et l’IA, utilisées dans le cadre d’un écosystème, contribuent à la conception, la construction et la gestion de villes plus intelligentes et plus durables. Leur intégration sur les projets peut véritablement contribuer à une meilleure qualité de vie pour les citoyens, à une utilisation plus efficace des ressources et à une réduction de l’impact environnemental des zones urbaines.
Extrait du NEOMAG#58
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