L’enveloppe du bâtiment : sa valeur ajoutée
En Europe, 75 % des bâtiments sont des passoires thermiques et 90 % d’entre eux seront encore debout en 2050. Un tiers de la chaleur s’échappe par le toit, 25 % par les murs, 15 % par les fenêtres et 10 % par le sol. Ces chiffres sont parlants : l’enveloppe est un élément central en matière d’efficacité énergétique.
Lors de la 9e édition de Meet&Build, organisée le 19 mars par l’IFSB et Picto, quatre experts se sont exprimés sur le sujet.
EnergieSprong, une méthode de rénovation massive
Boris Solecki (IFSB) a rappelé que les taux d’intérêt élevés, l’inflation mondiale et la hausse du coût des matières premières et de l’énergie induisent un ralentissement de la construction neuve et un repli sur la location et la rénovation avec, à la clé, un risque de pénurie de bâtiments énergétiquement efficients. Une lutte contre les passoires-thermiques s’est engagée dans l’Union européenne qui explore plusieurs pistes, dont l’initiative EnergieSprong et le projet Interreg E=0. EnergieSprong est une méthode de rénovation massive qui consiste à couvrir des séries de bâtiments similaires d’une seconde peau composée d’éléments préfabriqués hors-site, en visant zéro énergie. Une solution esthétique, rapide et non intrusive – les habitants peuvent rester chez eux pendant les quelques jours de travaux -, durable et qualitative – le système est prévu pour fonctionner 30 ans -, mais aussi abordable grâce à la production des éléments à grande échelle et aux économies d’énergie réalisées. Plus de 5 600 logements ont déjà bénéficié de cette initiative, principalement aux Pays-Bas et en France.
Garantir le confort des occupants toute l’année
Renaud Deschampheleire (département Shells & Façades - SECO Expert) a pris le relais. Pour les architectes et les constructeurs, l’enjeu est de créer des bâtiments agréables à vivre et de trouver un équilibre entre fonctionnement d’été et fonctionnement d’hiver qui garantit le confort des occupants toute l’année. Après avoir rappelé qu’il ne faut pas seulement se fier au certificat de performance énergétique mais considérer la consommation réelle, il a évoqué plusieurs solutions pour concevoir des façades qui rendent les bâtiments étanches à l’air et à l’eau et les protègent du soleil : casquettes, éléments verticaux fixes ou mobiles, végétalisation…
Du photovoltaïque flexible et transparent
Alexander Valenzuela (Clearnanotech®) a présenté les nombreuses solutions fournies par son entreprise pour produire de l’énergie en façade ou en toiture : des produits qui vont de la transparence totale à l’opacité, qui peuvent être flexibles et sont disponibles dans une large gamme de coloris.
Des toitures vertes pour rafraîchir les bâtiments et les villes
Pour Xavier Duboisdendien (Duboisdendien), nos villes ne sont pas équipées pour absorber les pluies diluviennes de plus en plus fréquentes sous nos latitudes et les toitures vertes, parce qu’elles absorbent une partie de l’eau, sont un élément compensatoire efficace. Une végétalisation extensive, par exemple, permet de récupérer 50 à 60 % d’eau de pluie ; en semi-intensif, ce chiffre monte à 70 %, un mécanisme qui peut être renforcé en le couplant avec un système intelligent de gestion hydrique. Les toitures vertes permettent, en outre, de rafraîchir le bâtiment, de réguler les ilots de chaleur urbain, de récréer de la biodiversité et d’optimiser le rendement des panneaux solaires en les refroidissant grâce à l’évapotranspiration. Il faut savoir, en effet, que ces derniers sont moins productifs au-delà de 25 degrés.
Mélanie Trélat
Légende photo : Boris Solecki (IFSB), Renaud Deschampheleire (SECO Expert), Xavier Duboisdendien (Duboisdendien) et Alexander Valenzuela (Clearnanotech®)