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Améliorer la gestion de l'eau dans les circuits fermés

Améliorer la gestion de l’eau dans les circuits fermés

L’eau dans les bâtiments dépasse largement ses usages quotidiens comme l’hygiène, la consommation ou l’entretien. Elle joue un rôle essentiel dans des systèmes souvent oubliés, notamment les circuits fermés de chauffage et de refroidissement.

Le maintien d’une qualité optimale de l’eau dans ces circuits est crucial pour préserver les équipements, optimiser le réseau, minimiser les coûts de maintenance et éviter des interventions lourdes comme les vidanges complètes ou les réparations coûteuses.

Les principaux défis des circuits fermés

Le calcaire et l’entartrage sont des problèmes majeurs. Au Luxembourg, la dureté de l’eau varie selon les régions : plus douce dans le nord (8°fH à 15°fH) et modérément dure à dure dans le centre et le sud (15°fH à 30°fH). Pour réduire les dépôts de calcaire, l’utilisation d’eau déminéralisée est courante, mais elle présente des risques de corrosion si des précautions ne sont pas prises.

La corrosion, causée par des interactions chimiques avec l’eau (pH déséquilibré, oxygène dissous), est un ennemi redoutable des matériaux comme l’acier et le cuivre.

En raison de l’absence d’ions minéraux dans l’eau déminéralisée, elle favorise la dissolution des métaux pour rétablir son équilibre chimique. La corrosion engendre des équipements fragilisés, des fuites potentielles et une durabilité réduite des équipements.

Ces métaux dissous dans une eau corrosive génèrent des boues et des dépôts qui obstruent les canalisations, réduisant le débit et l’efficacité des systèmes. Un circuit fermé mal entretenu se traduit par une baisse des performances énergétiques, donc une surconsommation, et une durée de vie réduite des équipements.

Pour éviter ces problèmes, des solutions existent : des traitements chimiques comme les inhibiteurs de corrosion et les conditionneurs d’eau, et des dispositifs physiques comme les filtres, les désemboueurs et les systèmes de filtration magnétique. Ces mesures permettent de stabiliser l’eau, de limiter la formation de dépôts et de protéger les systèmes.

Neobuild GIE a mené une enquête auprès des professionnels du chauffage et du refroidissement pour analyser les pratiques courantes d’entretien des circuits fermés. Cette étude a fourni des données précieuses sur les types d’eau utilisés, les traitements appliqués et les différences selon les types de bâtiments.

Types d’eau utilisés

L’eau déminéralisée est utilisée dans 52 % des cas. Elle est souvent prescrite par le fabricant, et conditionne la garantie pour les réseaux du circuit fermé. L’eau déminéralisée, bien que pauvre en sels, peut être légèrement acide et favoriser la corrosion si son pH n’est pas correctement ajusté. Elle est une excellente option pour protéger les circuits fermés, en particulier dans les systèmes modernes ou sensibles aux dépôts et à la corrosion. Cependant, il est crucial d’assurer un suivi régulier et, si nécessaire, de compléter avec des traitements spécifiques pour éviter les effets secondaires, comme la corrosion due à une acidité excessive. L’eau adoucie, présente dans 22 % des installations, réduit la dureté de l’eau tout en évitant les risques de corrosion associés à l’eau déminéralisée. Enfin, l’eau brute est utilisée dans 26 % des cas, surtout dans des systèmes simples où les considérations de coûts priment, mais cette pratique peut compromettre la durée de vie des équipements.

Enquête Neobuild 2024 - Type de protection utilisée sur les circuits fermés
Enquête Neobuild 2024 - Type de protection utilisée sur les circuits fermés

Traitements appliqués

L’étude a également révélé que 17 % des installations ne bénéficient d’aucune protection, un choix risqué pour la durabilité des systèmes.

La filtration magnétique, présente dans 39 % des cas, est particulièrement appréciée pour sa simplicité d’installation et son efficacité dans la réduction des impuretés. Elle est largement adoptée pour les installations résidentielles et fonctionnelles, où un traitement physique des impuretés est suffisant pour assurer la bonne performance du système.
Les pots à boue, utilisés dans 17 % des systèmes, captent les boues et débris.

Enfin, l’injection chimique, bien que plus coûteuse et complexe à mettre en œuvre, est utilisée dans 9 % des cas pour stabiliser les paramètres de l’eau, notamment en régulant le pH et en inhibant la corrosion. Cette méthode est privilégiée dans les systèmes industriels où les conditions d’exploitation justifient l’utilisation de solutions plus avancées.

Différences selon le type de bâtiment

Dans les logements individuels (39 % des répondants), les solutions sont simples et économiques, comme l’eau brute ou la filtration magnétique. Les bâtiments fonctionnels (35 %), plus complexes, préfèrent l’eau adoucie et l’injection chimique, associées à des systèmes de séparation des circuits pour garantir une performance énergétique optimale. Les installations industrielles et spécifiques (26 %), comme les maisons de soins, utilisent des systèmes de filtration avancés, un monitoring précis et des pratiques strictes de séparation des circuits afin de réduire au maximum l’impact de ses systèmes sur l’exploitation générale du bâtiment.

Pratiques majoritaires

L’enquête montre que dans 65 % des cas, la séparation des circuits primaire et secondaire est appliquée, limitant les risques de contamination croisée et optimisant l’efficacité.

L’eau déminéralisée ou adoucie est privilégiée dans 74 % des installations, répondant aux besoins de performance et de protection contre le calcaire et la corrosion.

La filtration magnétique et les pots à boue sont utilisés dans 57 % des systèmes, offrant une solution abordable pour éliminer les impuretés.

Conclusion

L’entretien des circuits fermés est crucial pour l’optimisation énergétique des bâtiments et la durabilité des systèmes. Si des progrès sont constatés, notamment dans les grandes installations, des lacunes subsistent dans les petites installations résidentielles. Une meilleure sensibilisation aux bonnes pratiques et des solutions novatrices, comme les capteurs connectés, des traitements automatisés qui ne sont pas forcément chimiques, et la maintenance prédictive, pourraient améliorer significativement les performances des circuits fermés. En intégrant une gestion proactive, ces réseaux pourraient améliorer leurs performances, diminuer les coûts énergétiques en limitant les pertes dues à l’encrassement, réduire leur impact environnemental et assurer une meilleure durabilité des installations.

Emmanuelle Ciota, Innovation Project Manager Neobuild GIE
Article tiré de Neomag #69 - mars 2025