Au-delà des murs, ouvrir la réflexion à l’humain et l’environnement
Le LIST mène plusieurs projets en lien avec la conception de nos futurs lieux de vie. Loin de se focaliser sur le bâtiment, l’approche est holistique car, au-delà d’un toit sous lequel se loger ou travailler, il est aujourd’hui question de résilience face au changement climatique et de vie sociale harmonieuse.
Interview de Perla El Boueiz, chargée de partenariats construction durable au Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST).
Depuis le début de cette année 2024, le LIST coordonne le programme européen REGEN qui porte sur « la régénération des quartiers vers un environnement bâti à faible émission carbone, inclusif et abordable ». En parallèle, il travaille, avec le soutien du Fonds National de la Recherche Luxembourg (FNR), sur le projet NBenefit$, dont l’objectif est de proposer au marché un nouvel outil d’aide à la décision se basant sur une analyse coûts-bénéfices des solutions fondées sur la nature, et de favoriser la biodiversité urbaine. L’institut a aussi récemment obtenu un financement à travers le programme FNR BRIDGES pour la création d’un nouveau label luxembourgeois évaluant les quartiers urbains, neufs ou regénérés, vis-à-vis de leur durabilité et résilience, en partenariat avec LSC Engineering et avec le support de Neobuild. Pourquoi avoir choisi ces axes de recherche ?
Les recherches menées au LIST ont toutes un point commun : avoir un impact positif pour la société et l’environnement. Notre environnement bâti joue ici un rôle prépondérant. Il influence non seulement la croissance économique de nos sociétés, mais aussi notre bien-être. C’est en ce sens que notre équipe d’experts en architecture, développement urbain, génie civil et environnement développe des solutions de décarbonation intelligentes et durables pour les villes et les territoires.
Vous travaillez sur la régénération urbaine. Comment cette notion se définit-elle ?
Vu les dégâts faits à notre environnement, la régénération est la voie à suivre. Il s’agit d’une évolution urbaine qui se base sur les propres ressources de la ville et se focalise sur la rénovation, le réaménagement et la circularité. Le LIST est actif sur ces thématiques, actuellement via des projets Interreg visant à augmenter la quantité des matériaux de construction récupérés et réutilisés, créer des plateformes de réemploi des éléments de construction et réfléchir sur une stratégie de développement des centres de réutilisation au niveau local ou régional.
Récemment, le projet REGEN, dirigé par le Dr. Arch Sylvain Kubicki, a démarré avec l’objectif de proposer un nouveau cadre d’évaluation pour la régénération urbaine, facilitant la sélection des stratégies d’intervention appropriées, tout en tenant compte des utilisateurs finaux et de toutes les parties prenantes. Pour ce faire, les chercheurs bénéficient du support de MUST (Managing Urban Spaces Together), une technologie participative - précédemment développée par le LIST avec le support du FNR - permettant la collecte et la prise en compte des préférences des citoyens dans le développement de leurs quartiers. Le cadre de REGEN sera appliqué sur quatre sites de démonstration, dont la commune de Beckerich, avec un suivi continu des bâtiments, rues et quartiers en termes d’énergie, de mobilité et de circularité.
Pouvez-vous nous en dire plus sur l’outil NBenefit$ que le LIST est en train de développer ?
L’outil a pour objectif de quantifier le coût économique de la contribution des espaces verts au bien-être, vis-à-vis de la séquestration du carbone, de la purification de l’air, d’infiltration de l’eau, de mise à disposition d’espaces récréatifs et de régulation de la température et de l’humidité. NBenefit$ a été appliqué pour le Valdebebas parc à Madrid, pour simuler et évaluer la manière dont les services fournis par la nature évoluent selon différents scénarios de conception : en modifiant l’agencement du parc, le type d’espèces d’arbres utilisées et la manière dont le parc est entretenu pendant son cycle de vie. Cela aide les planificateurs et les décideurs à concevoir des solutions fondées sur la nature de manière rentable.
Ce projet, dirigé par le Dr. Claudio Petucco, bénéficie actuellement d’un financement FNR JUMP, permettant de compléter les développements et transférer l’outil vers le marché, comme un outil d’aide à la décision dès les premières étapes de la conception d’un projet.
Sur des projets aussi concrets que ceux que nous venons d’évoquer, est-ce que vous collaborez avec des acteurs privés ?
Certainement ; comme évoqué plus tôt, notre objectif est de mener une recherche qui réponde aux défis actuels et futurs de notre société. Une proximité du marché et collaboration avec des partenaires privés est donc essentielle, que ce soit pour des nouveaux développements, des cas pilotes, ou encore pour le transfert des technologies. Cela est d’autant plus important aujourd’hui pour le secteur de la construction, qui a besoin d’innover, mais aussi d’intégrer de nouvelles et bonnes pratiques.
Par exemple, nous allons bientôt débuter un nouveau projet, en partenariat avec LSC Engineering et avec le support du FNR, visant à proposer un label luxembourgeois pour les quartiers résilients. Tout au long de ce projet, l’accompagnement et le support d’un comité de parties prenantes des secteurs privés et publics sont prévus pour assurer le succès du projet.
Mélanie Trélat
Un article tiré de Neomag #65