Quand l’IA rencontre le secteur de la construction bois : enjeux et opportunités
Récemment, Ligne Bois organisait une soirée thématique dans le cadre de ses traditionnels Rendez-vous du Bois, un événement de networking destiné aux entreprises du secteur de la construction bois et des matériaux biosourcés.
Cette édition, qui a rassemblé plus d’une centaine de professionnels, portait sur un sujet ô combien d’actualité : IA et créativité entrepreneuriale.
Reportage Ligne Bois
L’intelligence artificielle fascine et inquiète à la fois le monde de l’entreprise. L’objectif de ce cycle de conférences visait donc à démystifier l’IA, à présenter différentes solutions digitales concrètes destinées aux professionnels du bâtiments (constructeurs, prescripteurs, concepteurs, fabricants,…), à en estimer les atouts et les limites et à voir comment elle pouvait éventuellement contribuer au développement des entreprises de la filière bois construction.
Pour ce faire, Ligne Bois avait convié des intervenants de premier plan, spécialisés dans l’IA et les nouvelles technologies numériques : Nicolas van Zeebroeck, professeur en économie et stratégie numériques à la Solvay Brussels School of Economics and Management, François Denis, ingénieur architecte de formation, conseiller en réalité augmentée, BIM et outils digitaux chez Buildwise et Arthur Geeraerd, co-fondateur de Troople, une start-up spécialisée en data science.
Une « intelligence » notoirement sous-utilisée dans le secteur de la construction
Les entreprises peuvent aujourd’hui s’appuyer sur un large éventail de technologies et d’outils basés sur l’IA pour améliorer leurs processus de travail, accroître leur compétitivité et favoriser leur croissance. Ces outils peuvent transformer des domaines aussi variés que la planification de projets, la gestion de ressources, la production, la distribution ou encore la conception architecturale.
Pourtant son adoption reste encore très limitée en Belgique où moins de 10 % des entreprises l’utilisent, et souvent de manière restreinte.
Les freins à l’intégration de l’IA sont nombreux. Parmi eux, le manque de compétences en interne est souvent cité, ainsi que les coûts élevés associés au développement et à l’intégration de solutions d’IA. À cela s’ajoute la complexité organisationnelle, car intégrer l’IA nécessite souvent une révision complète des processus d’entreprise. « Bien que l’IA puisse générer des gains de productivité dans certaines tâches spécifiques, comme la rédaction de contenu ou l’automatisation du service client, ces gains ne se traduisent pas encore par une augmentation massive de la productivité globale des entreprises. Automatiser une tâche est une chose, mais transformer l’ensemble des processus internes via l’IA en est une autre. L’amélioration de la productivité dépend de la combinaison entre technologie et compétences humaines, ainsi que d’une réorganisation profonde des modes de travail », explique Nicolas van Zeebroeck. « Une tendance récente est le « Bring your own AI », où les employés utilisent des outils d’IA à titre personnel, sans que ces derniers soient officiellement intégrés dans les processus de l’entreprise, ce qui est totalement inopérant ».
Des solutions accessibles pour les PME du bâtiment
Un autre point essentiel abordé lors de la soirée concernait les outils d’IA spécifiquement conçus pour les PME du secteur de la construction. Souvent perçue comme coûteuse et complexe à mettre en œuvre, l’IA propose pourtant des solutions à la portée des petites et moyennes entreprises. « Ce type d’outils numériques peut avoir un impact direct sur la rentabilité, en accélérant les processus de production, en simplifiant des étapes cruciales comme la génération de devis ou la gestion de chantiers en temps réel. Et ils ne représentant pas toujours un investissement rédhibitoire », explique François Denis.
4e révolution industrielle
Lorsqu’on aborde la transition digitale, on parle souvent de la 4e révolution industrielle, communément appelée « révolution des données » où la collecte, le traitement et l’analyse des données massives deviennent des éléments centraux de la stratégie d’entreprise. Dans ce contexte, l’IA joue un rôle clé en rendant possible l’extraction rapide d’informations pertinentes à partir d’un volume immense et hétérogène de données. « À travers des outils avancés d’intelligence artificielle et de machine learning, nous parvenons à extraire des insights précieux, permettant aux organisations de mieux comprendre leurs marchés, d’affiner leurs processus internes et de prendre des décisions basées sur des données fiables et concrètes. Notre approche vise également à adapter nos solutions aux besoins spécifiques de chaque entreprise ».
Ligne Bois est un organisme d’information, de promotion et d’animation de la filière bois wallonne, qui a pour mission de valoriser l’usage du bois dans la construction.
Ligne Bois représente également un groupement professionnel qui recense 130 membres, tous spécialisés dans la construction : bureaux d’architecture, bureaux d’études, bureaux de conseil, constructeurs bois, fabricants, entreprises de produits connexes, ...
L’avenir de l’IA : une synergie entre intelligence humaine et technologie
En conclusion, les intervenants, aussi persuadés soient-ils de la pertinence des outils digitaux, y ont mis un léger bémol : l’IA, comme tout outil, n’est que ce que l’on en fait. La clé pour en tirer le meilleur parti réside dans la capacité des entreprises à conjuguer la puissance de ces technologies avec la créativité et l’expertise humaine. C’est cette synergie qui permet à l’intelligence artificielle de révéler tout son potentiel en matière d’innovation et de création de nouvelles opportunités pour les entrepreneurs. Il est donc crucial pour ceux-ci de rester vigilants, d’évaluer continuellement les technologies qu’ils utilisent et de comprendre comment elles influencent les prises de décisions et le fonctionnement global de leur entreprise.
Entre prudence et ambition : vers une adoption raisonnée de l’IA
L’aspect le plus réjouissant de cette soirée de conférences/networking est que les entrepreneurs, parmi les plus réticents à l’idée d’intégrer l’IA dans leurs pratiques, sont repartis avec un sentiment bien plus nuancé. Loin des craintes initiales ou des attentes disproportionnées. Les discussions ont permis de clarifier les opportunités réelles et les limites de cette technologie, tout en soulignant l’importance de maintenir l’expertise humaine au cœur des processus. Une prise de recul salutaire pour envisager l’avenir avec pragmatisme et ambition.
Extrait de Neomag #66