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Une synthèse réussie entre rénovation et réaffectation multifonctionnelle

Une synthèse réussie entre rénovation et réaffectation multifonctionnelle

Rénovation et réaffectation de la Royale Belge, Watermael-Boitsfort, Belgique.

Nous sommes au 25 boulevard du Souverain à Watermael-Boitsfort - l’une des 19 communes de la région Bruxelles-Capitale - littéralement en bordure de l’étang de Tenreuken et de la célèbre « hêtraie cathédrale » de la forêt de Soignes. Le projet emblématique qui nous occupe est un immeuble de bureaux construit fin des années soixante pour la compagnie d’assurance Royale Belge (devenue AXA Belgium), conçu par les architectes René Stapels et Pierre Dufau, les interventions paysagères relevant de Claude Rebold et Jean Delogne. Il s’inspire librement du dernier projet créé par le célèbre architecte Eero Saarinen, le siège social de l’entreprise John Deere & Co dans l’Illinois. Aujourd’hui rebaptisé Mix Brussels, le projet propose au public, depuis l’automne 2023, une synthèse réussie entre rénovation ambitieuse et réaffectation multifonctionnelle.

Une programmation diversifiée

Difficile de combiner autant de fonctions en un seul projet, avec - outre le parking souterrain sur trois niveaux et les nécessaires espaces techniques - un hôtel de 180 chambres dont 40 suites, des bureaux et salles de réunion, un espace de coworking et de séminaires, un restaurant, un centre de sport et de bien-être, un espace événementiel et un auditorium, le tout relié par un noyau de circulation vertical centralisé recevant la lumière naturelle. Le projet profite d’un renouvellement de l’ensemble des techniques, aujourd’hui conforme à la législation.

Une architecture inscrite dans son époque, une rénovation graduée

L’ancien siège était représentatif d’une certaine architecture « corporatiste », à la fois audacieuse et luxueuse, quelque peu ostentatoire certes, mais magnifiquement intégrée dans son cadre naturel. Alors menacé de démolition, en 2019, le projet fut inscrit sur liste de sauvegarde par le Gouvernement bruxellois afin d’éviter toute dénaturation et à toutes fins de préservation patrimoniale ; dès cet instant, le propriétaire (le consortium Souverain 25 regroupant Cores Development, Urbicoon, Foresite et Ape) décida du lancement d’un concours international de restauration-rénovation-réaffectation de grande ampleur finalement remporté par l’association des cabinets d’architecture Caruso St John’s, Bovenbouw Architectuur, Metzger & Associés et DDS+ qui mirent l’accent sur une intervention propre à maintenir le caractère et l’identité uniques de ce projet.

Le bâtiment culmine à 50,80 m et sa superficie se développe sur environ 80 000 m2, la volumétrie se composant d’un socle carré à deux étages « posé » sur une étendue d’eau artificielle et d’une tour de huit étages à plan cruciforme caractéristique, posée sur d’imposantes structures en béton aux accents brutalistes, qui émergent du socle. Ce qui frappe l’observateur, ce sont les choix opérés pour les matériaux de façade : le socle est entièrement recouvert de verre transparent tandis que la tour expose sa structure porteuse d’origine en acier auto-patinable CorTen® (entièrement conservée en l’état) ainsi que des vitrages à contrôle solaire de couleur cuivrée ; si certaines tôles de finition et éléments de structure secondaires en acier CorTen® ont été remplacées à l’identique, les vitrages historiques de type « Stopray Gold » produits à l’époque par l’entreprise Glaverbel (aujourd’hui AGC Glass Europe) durent être remplacés car leur transmission lumineuse et la coloration qu’ils produisaient lors d’une vision vers l’extérieur n’étaient plus en adéquation avec les usages et attentes modernes ; fort heureusement, depuis l’extérieur, la teinte cuivrée caractéristique est conservée et l’harmonie originelle du bâtiment n’est pas dénaturée. Le reste de l’entreprise extérieure concernant le remplacement des menuiseries extérieures et la rénovation technique et thermique des toitures afin de rendre le projet conforme aux normes énergétiques en vigueur.

À l’intérieur, nombre d’éléments d’origine sont conservés, à l’image de la magnifique structure caissonnée des plafonds du restaurant, réalisée en béton armé apparent, soutenue par de sculpturales colonnes faites de quatre sections triangulaires ; les marbres Estremoz roses, les surfaces murales de laiton travaillé à la flamme par l’artiste Pierre Sabatier, les luminaires d’époque sont autant d’éléments décoratifs ayant été soigneusement conservés, et qui participent à l’expérience saisissante ressentie lorsqu’on déambule au travers des espaces intérieurs.

Les professionnels du prestigieux salon de l’immobilier cannois – le MIPIM - ne s’y sont pas trompés, deux récompenses ayant été attribuées à cette réalisation, l’une pour le meilleur projet à usage mixte, l’autre pour la meilleure réaffectation.

Régis Bigot, Arch. & Innovation Project Manager Neobuild GIE
Extrait de Neomag#64

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Publié le lundi 22 juillet 2024
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