Le bilan carbone, un outil de sensibilisation à la décarbonation
Dans le contexte de la politique européenne d’atténuation du changement climatique, l’industrie cimentière est condamnée à se transformer ou à mourir. CIMALUX poursuit de ce fait une stratégie de décarbonation et recourt au bilan carbone pour impliquer ses collaborateurs dans son application.
Cette démarche a débuté par un audit réalisé par l’energieagence en tant qu’expert externe. Ceci afin d’identifier l’ensemble des sources d’émissions de gaz à effet de serre (GES) et de définir un plan d’action ambitieux en vue de les réduire.
Depuis 2005, nous sommes soumis au système d’échange de quotas de gaz à effet de serre (ETS). Nous monitorons ainsi précisément nos émissions directes de CO2 correspondant au scope 1 du Greenhouse Gas Protocol (GHG). Dans le cadre de nos obligations de reporting extra-financier (sustainability report), nous suivons également les émissions tombant sous le scope 2, plus particulièrement liées à la production de l’électricité que nous consommons. Finalement, nos déclarations environnementales de produit (DEP), spécifiques à chaque qualité de ciment, intègrent en complément certaines données du scope 3 sur les émissions en amont de la chaîne de valeur. Ces informations n’étaient jusqu’à présent qu’accessibles aux collaborateurs en charge de ces sujets.
Faire un bilan carbone permet de mesurer l’ensemble des émissions de GES d’une organisation et d’évaluer la contribution de son activité au changement climatique. En impliquant tous les départements dans la collecte des données et en identifiant précisément les différentes sources d’émissions, il permet de sensibiliser et de responsabiliser l’ensemble des collaborateurs. En recensant par exemple le nombre d’expéditions, le kilométrage et la consommation de carburants, le service logistique a permis de mieux comprendre l’impact des transports sur nos émissions de CO2 et d’identifier des pistes d’optimisation.
Après compilation et calcul des impacts, les résultats ont été présentés aux responsables des différents départements lors d’un atelier collaboratif. Nous avons ainsi pu mettre l’accent sur les émissions des scopes 2 et 3, sensibles mais secondaires dans notre activité. Ce bilan a été couplé avec un audit énergétique afin d’identifier des leviers d’amélioration complémentaires et de les intégrer dans notre plan d’actions. Le bilan carbone est une démarche bénéficiant d’un soutien financier du ministère de l’Économie dans le cadre du programme Fit4Sustainability.
Une stratégie d’implication des collaborateurs à tous les niveaux
Transposer une stratégie de décarbonation dans une industrie lourde, intensive en énergie et difficile à décarboner nécessite une implication à long terme de tous les collaborateurs. Nous avons choisi de commencer par rallier tous les responsables à l’objectif de décarbonation avant d’y faire adhérer l’ensemble des salariés.
En septembre 2024, nous avons ainsi mobilisé les cadres de l’entreprise lors d’une 1re journée dédiée à la décarbonation. En introduction, la direction a souligné la priorité absolue accordée à cette thématique. Après une série de présentations traitant des fondamentaux du changement climatique et du cadre réglementaire européen et national, les participants se sont concentrés sur l’élaboration d’un plan d’actions lors d’ateliers collaboratifs.
Parmi les défis que nous avons abordés, figure la réduction d’ici 2030 de nos émissions de CO2 de 62 % par rapport à l’année de référence 2005, objectif défini par la législation ETS. L’application du carbon border adjustment mechanism (CBAM) entraînant une réduction progressive des allocations de quotas d’émission gratuites à partir de 2026 pour aboutir à une disparition totale en 2034, est une contrainte supplémentaire fixant le calendrier de notre stratégie. Un tableau visuel, représentant les ordres de grandeur et différenciant les sources d’émission, a illustré l’ampleur du défi.
Ce tableau montre la part prépondérante des émissions de CO2 liées à la décarbonatation des matières premières. Lors de la production de clinker, le calcaire et les marnes sont portées à 1450 °C, entrainant une décomposition chimique de ces minéraux qui libère du CO2. Ce processus représente environ deux tiers de nos émissions totales. Le restant provient de la combustion nécessaire pour atteindre cette température. Les émissions liées à la production d’électricité (scope 2) et les émissions indirectes (scope 3) complètent ce tableau.
Réduire nos émissions : un défi de taille
Comment atteindre 62 % de réduction de nos émissions de scope 1 d’ici 2030 ? Le tableau le démontre : la seule transition vers des sources d’énergie décarbonée ne suffit pas. C’est la raison du classement de l’industrie cimentière comme difficile à décarboner (« hard-to-abate ») du fait que le captage et stockage du carbone (CCS) est une technologie incontournable pour notre secteur.
La solution est plus évidente en ce qui concerne le scope 2. Il s’agit de recourir à de l’électricité renouvelable, par exemple d’origine éolienne, solaire ou hydraulique. Le scope 3, est plus complexe à maîtriser car il implique également des tiers. Il est donc essentiel de sensibiliser nos fournisseurs et de les inciter à proposer des solutions plus soutenables, par exemple au travers de critères de sélection extra-financiers.
Un défi à relever collectivement
Atteindre la neutralité carbone est un objectif ambitieux. Il nécessite une volonté sans faille des décideurs tant publics que privés, de lourds investissements, le déploiement de nouvelles technologies et, surtout, l’implication de tous les collaborateurs et parties prenantes. Notre bilan carbone a permis de sensibiliser nos responsables et de les impliquer dans la poursuite de cet objectif. Il s’agit maintenant de rallier l’ensemble de nos équipes et de maintenir une dynamique collective jusqu’à l’atteinte de notre but.
Myriam Hupperich, Christian Rech - CIMALUX
Article CIMALUX paru dans Neomag #67 - décembre 2024
Photo de couverture : Site de production de clinker CIMALUX à Rumelange