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Un label pour une gestion raisonnée des déchets

Un label pour une gestion raisonnée des déchets

Interview de Samuel Majerus, directeur de LSC Environmental Engineering.

L’engagement de LSC Environmental Engineering en faveur de l’économie circulaire se concrétise dans un projet de développement d’un label Zéro Déchet pour la valorisation des déchets au Sénégal, en partenariat avec le Gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg grâce à la facilité BPF (Business partnership facility) de l’Agence Luxembourgeoise pour la Coopération au Développement (LuxDev). Ce label permettra de récolter les fonds nécessaires pour soutenir des projets d’amélioration de la collecte et de valorisation des déchets dans ce pays, tout en minimisant les déchets à la source.

Quelle est la genèse de cette initiative ?

Notre engagement dans la réduction des déchets au Sénégal trouve ses racines dans notre longue présence dans le pays, où notre filiale à Dakar existe depuis plusieurs décennies. Au fil du temps, nous avons constaté de manière croissante l’impact dévastateur des déchets sur l’environnement et les communautés locales. En tant qu’acteurs de l’ingénierie environnementale, nous nous sommes sentis interpellés par la nécessité de trouver des solutions durables à cette problématique.

D’où ces déchets proviennent-ils ? Est-ce que ce sont des déchets venus de l’étranger ou ceux des habitants ?

Les déchets sauvages au Sénégal proviennent principalement des habitants et des industries locales, en raison d’un manque d’infrastructures adéquates pour la gestion des déchets. Parallèlement, la croissance démographique et l’urbanisation rapide ont contribué à aggraver le problème en augmentant la quantité de déchets générés, sans pour autant fournir les moyens nécessaires pour les traiter ou les recycler efficacement.

Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés dans la lutte contre les déchets sauvages au Sénégal ?

Les défis que nous rencontrons dans la lutte contre les déchets sauvages au Sénégal sont multiples et complexes. Ils englobent la nécessité d’accroître la sensibilisation des populations ainsi que de mettre en place des infrastructures de collecte et de traitement des déchets. Nous devons également surmonter des obstacles financiers et réglementaires qui peuvent entraver la mise en œuvre de solutions durables. La collecte et le tri des déchets représentent des investissements conséquents par rapport à leur rentabilité financière, tandis que le risque d’amendes pour les entreprises polluantes reste souvent peu dissuasif.

Pourriez-vous nous expliquer en quoi consiste exactement le concept du label Zéro Déchets que vous avez développé ?

Notre label Zéro Déchets vise à sensibiliser les consommateurs aux défis environnementaux tout en soutenant des initiatives concrètes de gestion des déchets dans les pays émergents.

En optant pour un produit portant notre label Zéro Déchets, le consommateur fait le choix d’un produit qui, tout au long de son cycle de vie, n’a généré aucun déchet, contribuant ainsi de manière significative à la réduction globale des déchets. Cette démarche non seulement favorise une consommation plus responsable, mais soutient également des initiatives concrètes de gestion des déchets dans les pays émergents. Les fonds ainsi générés alimentent directement les efforts locaux pour améliorer la gestion des déchets et créer des emplois durables.

Les projets se concentreront-ils sur le Sénégal ou concerneront-ils aussi d’autres pays en développement qui connaissent les mêmes problématiques ?

Notre décision de débuter par le Sénégal est motivée par notre expérience de longue date dans le pays et notre connaissance approfondie de ses besoins en matière de gestion des déchets. De plus, le Sénégal est confronté à des défis importants liés aux déchets sauvages, ce qui en fait un terrain propice pour lancer notre initiative pilote. Cependant, notre vision dépasse les frontières sénégalaises ; à terme, nous aspirons à donner à ce label une dimension internationale et à soutenir des projets dans divers pays confrontés à des problématiques similaires.

Où en êtes-vous dans le déploiement de votre projet et quelles sont les prochaines étapes que vous envisagez ?

Nous avons réalisé une analyse approfondie du problème des déchets au Sénégal, identifiant ses origines et son ampleur. Actuellement, nous nous concentrons sur l’étude des comportements et des attentes des consommateurs de la Grande Région à travers une étude de marché. Nous prévoyons ensuite de mobiliser les ressources nécessaires pour lancer le label. Les prochaines étapes impliquent le recrutement de partenaires locaux, la mise en place d’un système de suivi et d’évaluation des projets financés, ainsi que la promotion du label auprès des consommateurs et des entreprises.

Cette étude a-t-elle révélé une sensibilisation accrue de la part des consommateurs et des entreprises luxembourgeoises aux problèmes environnementaux dans d’autres pays ?

L’étude de marché a mis en lumière une prise de conscience croissante parmi les consommateurs et les entreprises luxembourgeoises concernant les enjeux environnementaux dans d’autres pays. Sur une échelle de 1 à 10, où 1 représente « pas du tout » et 10 « extrêmement », la moyenne des réponses indique un niveau de conscience environnementale élevé, avec une note moyenne de 8. De plus, la question sur la préoccupation quant à l’impact environnemental des achats a révélé une note moyenne de 7,5, soulignant ainsi une réelle sensibilité à ces questions.

Il est également intéressant de noter que la majorité des personnes interrogées se sont déclarées prêtes à payer jusqu’à 25 % de plus pour des produits arborant ce label, témoignant ainsi d’un fort intérêt des consommateurs pour des produits éthiques et respectueux de l’environnement.

Du côté des entreprises, la plupart sont disposées à investir jusqu’à 10 % de leurs coûts de traitement et de valorisation des déchets pour obtenir un label zéro déchets, démontrant ainsi une volonté de s’engager activement dans la réduction des déchets et la promotion de pratiques durables.

Y a-t-il un secteur ou un type d’entreprises que vous ciblez plus que d’autres ?

Nous avons principalement orienté notre attention vers les entreprises opérant dans le secteur de l’alimentation et des produits de consommation courante. Cependant, notre intention est de progressivement inclure un large éventail d’industries dans notre démarche. Nous recherchons activement des partenariats avec des entreprises partageant nos valeurs environnementales et souhaitant s’impliquer activement dans la réduction des déchets.

Quels critères les projets devront-ils remplir pour être éligibles ?

Les projets devront satisfaire à des critères rigoureux en matière d’impact environnemental, de viabilité économique et de retombées sociales positives pour les communautés locales. Nous privilégions les initiatives novatrices et inclusives favorisant la création d’emplois durables et l’amélioration de la qualité de vie. Le respect des conditions de travail éthiques, excluant le travail forcé et le travail des enfants, ainsi que la stricte observation des lois du travail, constituent le premier critère. Ensuite, seront considérés les projets liés aux infrastructures scolaires, de santé et de gestion des déchets, ainsi que ceux axés sur la sensibilisation de la population au tri et au recyclage des déchets, et ceux visant à améliorer la collecte. Dans certains cas, il peut même être nécessaire de résoudre les problèmes à la base en installant des conteneurs pour le papier, le plastique et autres déchets valorisables là où il n’y en a pas encore, avant de sensibiliser la population.

Quel est le lien entre LSC, bureau d’études basé au Luxembourg, et la problématique des déchets en Afrique ?

LSC Environmental Engineering (membre de LSC Engineering Group) est un bureau d’études luxembourgeois spécialisé dans l’environnement et la durabilité avec plus de 30 ans d’expérience et 35 collaborateurs. Nous offrons une gamme complète de services environnementaux, parmi lesquels l’accompagnement des entreprises et des organisations dans leur transition vers une économie circulaire.

L’entreprise propose notamment des certifications telles que BREEAM, WELL, LENOZ, DGNB et Zero Carbon, qui permettent aux entreprises de démontrer leur engagement en faveur du développement durable. Elle dispense également des conseils en développement durable, aide à la demande de subventions et réalise des bilans CO2 et des stratégies Net-Zero pour accompagner les entreprises dans la réduction de leur empreinte carbone.

Notre expertise en matière d’économie circulaire est précieuse pour les entreprises et les organisations qui souhaitent réduire leur impact environnemental et adopter des pratiques plus durables. L’entreprise contribue ainsi à la transition vers une économie plus respectueuse de l’environnement et des ressources naturelles.

Notre expertise en ingénierie environnementale, en économie circulaire et en gestion des déchets, associée à notre expérience dans des contextes variés, nous permet de proposer des solutions adaptées aux défis spécifiques rencontrés en Afrique. De plus, notre implantation au Luxembourg nous offre un accès privilégié aux ressources financières et aux partenariats internationaux nécessaires à la réalisation de nos projets sur le continent africain.

Mélanie Trélat
Extrait du NEOMAG#63