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Économie circulaire : enjeux techniques et nouvelles compétences

Économie circulaire : enjeux techniques et nouvelles compétences

Dans le cadre du cycle d’événements co-organisés pour la seconde année consécutive sur les enjeux de l’économie circulaire au Luxembourg, la Commune de Wiltz, le Circular Innovation HUB et in4green, le réseau des partenaires Infogreen en action, ont organisé le 3e rendez-vous circulaire de l’année 2024 ce 11 juin à l’Institut de Formation Sectoriel du Bâtiment (IFSB, Bettembourg).

Frédéric Liégeois et Patty Koppes
Frédéric Liégeois et Patty Koppes

Les défis techniques complexes liés à la transition vers la construction circulaire étaient cette fois à l’ordre du jour, en mettant en lumière les meilleures pratiques, les dernières avancées technologiques et les nouvelles compétences à mettre en œuvre.

Dans son mot d’accueil, Patty Koppes, cheffe de projet en économie circulaire à la commune de Wiltz, a soulevé les dichotomies de son quotidien, partagé entre la motivation d’aller de l’avant avec des projets circulaires de plus en plus aboutis, et le découragement face aux obstacles rencontrés pour travailler dans l’économie circulaire alors qu’il est urgent de (ré)agir.

Quatre experts ont pris tour à tour la parole, modérés par Frédéric Liégeois, fondateur de Picto Communication Partner et infogreen.lu.

  • Ariane Bouvy (1), représentante du Circular Innovation HUB de Wiltz
  • Jérôme Dierickx (2), CEO chez Terra Matters
  • Alexis Sikora (3), directeur de l’Institut de Formation sectoriel du Bâtiment (IFSB)
  • Fadi Fikani (4), Environment, Energy, and Circular Economy Engineer chez LSC Group

Le débat s’est concentré autour de trois questions. Extraits :

Quels sont les principaux défis techniques rencontrés dans la mise en œuvre des projets basés sur les principes de l’économie circulaire ?

Ariane Bouvy (Circular Innovation Hub) :
La paperasse : « des milliers de fiches à analyser vu la quantité de matériaux nécessaires à la construction d’un bâtiment. » Un challenge d’autant plus complexe pour la déconstruction car les informations sur les matériaux ne sont généralement pas disponibles.

Jérôme Dierickx (Terra Matters) :

« Le concept de circularité est encore mal connu. Il est souvent assimilé au recyclage – matériaux recyclés comme input ou recyclage du produit en fin de vie. »

Alexis Sikora (IFSB) :
« L’intégration des produits circulaires dans la construction donne de nouvelles contraintes de mise en œuvre par les entreprises. Toutefois, elles sont généralement partantes et ont des solutions. »

Fadi Fikani (LSC Group) :
« Pour les ingénieurs, un des défis importants est l’implication tardive. Nous intervenons en phase d’APS (avant-projet sommaire) lorsque les besoins sont déjà définis ». La décision de prévoir un grand parking pourrait par exemple être revue dans une autre approche de la mobilité, si la réflexion était menée plus tôt en ce sens.

Comment les nouvelles technologies (IA, IOT, plateformes coopératives, BIM, etc.) contribuent-elles à optimiser les processus de circularité ?

Ariane Bouvy (Circular Innovation Hub) :
Si le BIM et l’intelligence artificielle peuvent être d’une grande aide pour la mise à disposition et l’analyse de données, elles ne sont pas forcément une solution : « Ces outils ne vont pas nous sauver car ils consomment énormément. Or le premier point dans une démarche circulaire est de réfléchir à la consommation des ressources. »

Jérôme Dierickx (Terra Matters) :
« Globalement, les nouvelles technologies vont permettre de disposer de plus de données, d’avoir des données plus fiables et plus pertinentes, qui mèneront à de meilleures actions. » Le Product Circularity Data Sheet (PCDS) a son rôle à jouer dans ce contexte, puisqu’il est capable de décomposer tous les éléments d’un produit pour renseigner sur leurs propriétés circulaires.

Alexis Sikora (IFSB) :
« Les nouvelles technologies peuvent être une solution pour nous aider à atteindre les défis de la construction circulaire et bas carbone. Elles vont nous permettre de trouver une adéquation entre offreur et demandeur »

Fadi Fikani (LSC Group) :
« L’intelligence artificielle peut nous aider beaucoup en amont du projet, par exemple en termes de traduction des besoins fonctionnels. Imaginons une école pour 300 enfants avec des besoins de mobilité pour les parents, enseignants… L’IA va pouvoir proposer diverses solutions, des alternatives, pour que le projet soit flexible dans le futur. »

Quelles sont les compétences spécifiques nécessaires pour les nouveaux métiers de la déconstruction et de réutilisation des matériaux/économie circulaire ? Quels seront les nouveaux métiers liés à l’économie circulaire ?

Ariane Bouvy (Circular Innovation Hub) :
« Il faut optimiser ce qui existe. Il y a déjà beaucoup de travail rien que pour équiper les bâtiments existants avec des équipements techniques modernes. »
Il faut aussi développer les expertises en matière d’éco-conception, ce qui passe par un changement de mentalité au niveau de la façon d’appréhender les usages d’un nouveau bâtiment.

Jérôme Dierickx (Terra Matters) :
« Les compétences à développer, ce sera au niveau de la collecte et de l’analyse des données » : inventoriste, valoriste et enfin revendeur de matériaux de seconde main.
« Ce que nous avons remarqué en phase exploratoire, c’est que les entreprises sont intéressées par l’économie circulaire mais les questions relatives à l’assurance se posent. Il y a donc toute une expertise à développer autour de l’assurance. »

Alexis Sikora (IFSB) :
« Il faudra former toute la chaine, du maître d’ouvrage à l’utilisateur. Déconstruire sans abîmer va être une compétence très importante pour les salariés manuels. » Le directeur de l’IFSB s’attend à ce que le secteur de la construction – actuellement en crise - rencontre des difficultés à faire venir la main d’œuvre qualifiée.

Fadi Fikani (LSC Group) :
« L’économie linéaire a beaucoup investi pour arriver où elle est aujourd’hui. L’économie circulaire pose de nouveaux défis qui devront émerger au niveau de la recherche et du développement. »

Le prochain et dernier rendez-vous circulaire de l’année est fixé au 15 octobre à Wiltz sur la thématique de la réparabilité. À vos agendas !

Marie-Astrid Heyde
Photos : Fanny Krackenberger

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Publié le jeudi 13 juin 2024
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