
Vers une gestion durable et intégrée des ressources au Luxembourg
L’eau, ressource précieuse, se trouve au cœur des préoccupations environnementales et réglementaires au Luxembourg. Dans un pays engagé à respecter les directives européennes, notamment la directive-cadre sur l’eau (DCE), le secteur de la construction joue un rôle central dans la gestion durable des ressources hydriques.
Article Seco Luxembourg
Les défis de la gestion de l’eau dans la construction
Le Luxembourg est engagé dans la mise en œuvre de la DCE, qui impose des objectifs ambitieux en matière de qualité et de quantité des eaux de surface et souterraines. Cela inclut la restauration des écosystèmes aquatiques, la réduction des pollutions et la préservation des ressources en eau pour les générations futures. Dans ce contexte, le secteur de la construction fait face à plusieurs défis :
- L’imperméabilisation des sols : la multiplication des surfaces imperméables (routes, bâtiments, parkings) empêche l’infiltration naturelle de l’eau dans le sol, exacerbant les risques d’inondations et réduisant le renouvellement des nappes phréatiques,
- La gestion des eaux pluviales : la collecte, le traitement et la réutilisation des eaux de pluie représentent des enjeux majeurs pour limiter les pollutions et éviter la surcharge des réseaux d’assainissement,
- L’application des exigences réglementaires : les projets de construction doivent intégrer les exigences des lois sur l’eau, y compris les analyses d’impact environnemental et les autorisations spécifiques liées à la gestion des eaux usées et pluviales.
Pour répondre aux objectifs de la DCE, de nombreux projets de construction, de rénovation et d’aménagement devront intégrer des infrastructures adaptées, notamment :
- Modernisation des réseaux d’assainissement : dont la mise à niveau des stations d’épuration avec des technologies plus avancées, comme une quatrième étape de traitement, afin de réduire les micropolluants (produits chimiques, pharmaceutiques),
- Création de zones-tampons : dans les zones rurales et urbaines, des bandes riveraines et des zones végétalisées seront nécessaires pour filtrer les eaux de ruissellement, limitant ainsi l’apport de nutriments et de polluants dans les cours d’eau,
- Renaturation des cours d’eau : la restauration des rivières, comme la suppression des obstacles artificiels ou la reconfiguration de berges, permettra de rétablir une continuité écologique et d’améliorer la qualité des écosystèmes aquatiques,
- Infrastructures de rétention d’eau : les bassins de rétention ou les toitures végétalisées pourront absorber l’excès d’eau en cas de fortes pluies, diminuant ainsi les risques d’inondation et limitant le ruissellement polluant,
- Révision des plans d’urbanisme : les collectivités devront intégrer des exigences hydrologiques dans leurs schémas directeurs, en priorisant des solutions basées sur la nature et en limitant l’étalement urbain.
Ces travaux, bien que coûteux, représentent une opportunité pour moderniser les infrastructures tout en répondant aux défis climatiques et environnementaux.
L’approche durable : intégrer la gestion de l’eau dès la conception
Une gestion efficace des ressources en eau commence dès la phase de conception des projets. Plusieurs leviers peuvent être mobilisés pour répondre aux objectifs de la DCE tout en favorisant des constructions durables :
- Solutions d’infiltration : les bassins de rétention et les systèmes d’infiltration permettent de réduire les impacts des surfaces imperméables,
- Matériaux perméables : l’utilisation de revêtements perméables pour les routes ou parkings facilite l’infiltration et limite le ruissellement,
- Réutilisation des eaux pluviales : en intégrant des systèmes de récupération d’eau, les bâtiments peuvent réduire leur consommation en eau potable et leur empreinte environnementale,
- Analyse hydromorphologique : la prise en compte de la forme des cours d’eau est essentielle pour prévenir les impacts négatifs des infrastructures sur les écosystèmes.
Le rôle des bureaux de contrôle technique
Dans ce cadre, les bureaux de contrôle technique jouent un rôle déterminant. Leur expertise aide les concepteurs, entreprises et exploitants lors de la prise en compte des réglementations en vigueur, mais aussi l’alignement de leurs projets avec les bonnes pratiques environnementales.
De manière non-exhaustive, ils proposent :
- Audits et diagnostics : identification des risques liés à l’eau,
- Accompagnement réglementaire : soutien dans les dossiers administratifs et dans l’intégration des exigences de la DCE,
- Surveillance et contrôle : vérification des systèmes de gestion des eaux pluviales et des infrastructures liées à l’eau.
Alors que le Luxembourg entame le quatrième cycle de gestion des eaux (2027-2033), la collaboration entre les différents acteurs – maîtres d’ouvrage, bureaux d’études, collectivités et autorités – sera essentielle pour relever les défis à venir. Les évolutions réglementaires, combinées aux attentes croissantes en matière de durabilité, imposent une vigilance accrue à chaque étape des projets de construction.
Source : Directive cadre sur l’eau – 4e cycle 2027 – 2033 – calendrier programme de travail
Article paru dans Neomag #69 - mars 2025